En 2012, Michel Gondry réalise l'Écume des Jours, avec un tournage compliqué et une phase de post-production totalement épouvantable pour le cinéaste, ayant été affecté mentalement par ce projet. Le Livre des Solutions ne raconte pas cette histoire, mais s'en inspire fortement à travers un Pierre Niney - réalisateur excentrique - qui vole les rushs de son propre film, et part s'isoler chez sa tante, à la montagne, pour terminer le montage sans interférence des producteurs. Accompagné de quelques assistants, il leur fait vivre un quotidien illuminé de par son comportement psychotique et angoissé. Ses obsessions loufoques, notamment avec l'environnement, et son attitude mégalo, créent un cocktail détonant souvent imprévisible, à l'instar de ces séquences absolument géniales sur la création de la bande-son. Bourré de fausses bonnes idées, irrespectueux envers son équipe, perdu dans ses propres fantaisies, ce Gondry fictionnalisé nous entraîne dans un monde remodelé selon ses desiderata, sans aucune notion de bienséance, face à un panel féminin à l'impassibilité désarmante. Gondry - le vrai - enchaîne ainsi les séquences incongrues ; certaines plus efficaces que d'autres issues de trames secondaires dispensables. C'est inventif et absurde, porté par l'énergie bouillonnante d'un Niney hors-sol, et parfois même touchant, en dépit d'être un sacré foutoir qui parlera davantage au public de Dupieux.