Thérapie de l'amour

Par peur de se voir dépossédé du montage de son film, un réalisateur part se réfugier dans les Cévennes chez sa tante avec son équipe. Mais à partir de là, le travail n'est plus vraiment la priorité tant ce type part dans toutes les directions, dont certaines n'ont rien à voir avec la choucroute, et pour se canaliser, il va rédiger ce qu'il appelle le livre des solutions.

Michel Gondry n'a jamais caché le fait que réaliser L'écume des jours a été un calvaire pour lui, non seulement durant la post-production, mais on lui a alors diagnostiqué un trouble bipolaire qui l'a plongé dans une profonde dépression. Le livre des solutions est pour lui comme une sorte de catharsis afin de se libérer de ce poids qu'il a eu sur la conscience depuis des années, en faisant Pierre Niney son alter-ego, et surtout, dans une comédie. Que je trouve non seulement drôle, mais également touchante et totalement dans l'esprit bric-à-brac de son auteur.

On y retrouve à la fois l'esprit de Soyez sympas, rembobinez dans ce côté bricolé, foutraque, voire même La science des rêves, avec une scène que tourne Pierre Niney, et qui utilise deux tuyaux d'arrosage à la fois sur ses acteurs pour suggérer de la pluie, et des draps blanc pour des nuages ! Mais surtout, il montre des personnages d'une grande tendresse, aussi bien l'assistant moteur qui n'arrête pas de tousser (génial Mourad Boudaoud) que Blanche Gardin ou encore Frankie Wallach, sans oublier bien entendu Françoise Lebrun, la tante en question, qu'on a envie de prendre dans ses bras. Mais la grande surprise est sans nul doute Pierre Niney, que j'aimais bien à la base, mais qui révèle des talents insoupçonnés pour la comédie. Avec notamment une scène géniale qui est celle où il dirige lui-même l'orchestre (qui sont des gens des Cévennes), mais ceux-ci doivent se repérer avec la gestuelle de son corps, ou alors la découverte du camiontage, qu'on ne peut que voir dans le cinéma de Michel Gondry. Avec d'autres surprises, comme des petits courts-métrages d'animation, qu'il ne vaut mieux pas dévoiler tant c'est foun mais généreux.

Le film est à la fois une ode à sa tante (le film lui est dédié), mais aussi à ceux qui se battent contre des troubles dépressifs, qui sont très bien montrés, comme l'euphorie au moment où il a une idée parfois follement stupide (comme celle de demander à Sting de composer un morceau de la B.O.), puis avec une chute de moral qui pourrait le rendre presque fou, mais la bienveillance de son équipe est toujours là pour lui permettre de ne pas sombrer. Jusqu'à une dernière partie, plus romantique, qui prouve qu'aimer, c'est dormir avec ses chaussettes auprès de l'autre.

Je ne m'attendais pas à être touché à ce point, dans ce qui est sans nul doute le film le plus personnel de Michel Gondry, car il a choisi de répondre par l'humour à des problèmes sérieux, au point qu'il a mis presque 8 ans, après Microbe et Gasoil, avant de retourner au cinéma.

On a de la chance d'avoir un tel réalisateur.