The game will never end

C'est en regardant le montage original du Jeu de la Mort qu'on saisit l'ampleur du désastre qu'était la version de Robert Clouse. Entre ses incrustations douteuses et son histoire fade, le film de 1978 essayait en vain de sauver les meubles en charcutant l’œuvre originale et en ne gardant qu'à peine la moitié de ce qui avait été tourné.

Cette version nous permet alors de fantasmer sur ce qu'aurait dû être le véritable Jeu de la Mort, une longue ascension où les combats s'enchaînent, sans jamais relâcher la tension. La qualité des chorégraphies de Bruce Lee n'est plus à prouver, et Le Jeu de la Mort a failli être la quintessence de son savoir-faire.

Bruce Lee a heureusement eu le temps de tourner trois scènes de combat, correspondant à la partie centrale du film, ainsi qu'un combat final. Il s'agit de quarante minutes de combat pur et captivant, le climax étant la scène mythique contre l'impressionnant Kareem Abdul-Jabbar, alors élève de Bruce Lee, et ses 2m20 que la caméra n'omet pas de mettre en valeur.

Le Jeu de la Mort est un condensé d'inventivité ainsi qu'une leçon de Jeet Kune Do, et bien qu'avorté, il semble déjà abouti. Son statut de chef d’œuvre inachevé en fait d'ailleurs un film culte, ultime représentant du maître Bruce Lee, de ses mimiques et de ses convictions, et il résonnera dans l'Histoire du cinéma jusque dans d'autres chef d’œuvre, à commencer bien sûr par Kill Bill qui lui rendra hommage en empruntant la combinaison du personnage de Bruce Lee.

Dès lors que le montage original nous est proposé, la version de Robert Clouse ne présente plus aucun intérêt, car même les scènes qu'il a conservées sont moins intenses que cette version fidèle à la volonté de Bruce Lee. Alors si possible, tournez-vous absolument vers cette version, et rêvez à ce que ce film aurait pu être.