Il n'est pas simple d'adapter un livre en film.
Il n'est pas simple d'adapter un best seller en film.
Il n'est pas simple du tout d'adapter un best seller de 320 pages, premier livre parut de Tolkien en 3 films d'action tout en procurant une préquelle de qualité à une trilogie mythique du début des années 2000.
Et bien, ça se ressent.
Si le premier film Hobbit était un peu long mais avait des idées de mise-en-scène et un souffle d'aventure assez rafraîchissants (la scène lors de laquelle les nains chantent dans le salon de Bilbon me plaît toujours autant), le deuxième s'enfonçait déjà dans des écarts trop importants avec l'oeuvre originale mais se rattrapait (et encore...) avec les interactions entre Bilbon et Smaug, qui retrouvaient l'esprit de l'oeuvre originale. Le troisième n'a ni ce souffle d'aventure, ni la force de se rattraper sur une bonne adaptation du texte originale, et tombe dans les travers de se vouloir être un nouveau Retour du Roi.
Que dire ?
Les 15 premières minutes, qui servent de (longue) introduction au film nous présente la fin du dragon Smaug et de la cité d'Esgaroth, sur le Long Lac en contrebas d'Erebor, la montagne solitaire, destination de nos héros.
Cette introduction reste de bon goût, et est plutôt bien réalisée, bien que je ne comprenne pas pourquoi elle se trouve au début du troisième film. On pourra toutefois reprocher un montage trop saccadé, peut-être une absence de sobriété dans la succession des plans, qui aurait contribué à faire de la scène un instant plus dramatique. La fin de Smaug, qui diffère du livre, est attendue et prévisible, en plus d'être un peu ridicule, je ne comprends pas comment un père pourrait faire de son fils une arbalète humaine.
Malgré un manque de tension et d'enjeu, la scène reste divertissante.
C'est après la mort du lésard que le film commence vraiment et c'est là que se révèle à mes yeux tous les problèmes du film.
Déjà, mettons au clair une chose, 90% de ce qui suit ne vient pas de Tolkien. L'idée générale vient certes de l'oeuvre originale (les nains se barricadent dans Erebor, une certaine tension se met en place quant au partage du trésor etc) mais le reste n'est que pure invention, et n'est pas Tolkien qui veut. Comprenez aussi que la bataille des cinq armées ( ici, il n'y en a que quatre, je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi) n'est pas décrite dans l'oeuvre originale, car cela n'irait pas avec le ton général d'un livre qui s'adresse d'abord à des enfants. Dans le livre, Bilbon reçoit un coup à la tête, s'évanouit, et ne se réveille que quand la bataille est déjà terminée.
Il fallait donc faire 2 heures de bataille à partir de rien, virtuellement, et ça se ressent. Deux heures de bataille numérique, de dialogues insipides de Throïn qui ne sait pas s'il est devenu fou ou non, de chorégraphie bien trop irréaliste pour paraître crédible. Des monstres et des effets numériques à n'en plus finir, les vers géants que l'on voit 10 minutes pour ne pas se battre au final, des légions de chauve-souris, des trolls, des armées d'orques qui ne ressemblent à rien (des robots ?), des chèvres qui sortent de nulle part ... bref. C'est assez bas et pseudo-épique. Nous sommes bien loin des batailles du gouffre de Helm ou des champs du Pellenor, qui étaient sentimentalement engageantes pour le spectateur. Ici, seulement une débauche d'effet numérique pas toujours convainquants. Honnêtement, c'est assez fatiguant à regarder.
Quand la première trilogie du SdA brillait aussi par son utilisation de maquettes et de costumes, ici le tout-numérique rend les scènes bien moins intéressantes, cela vaut aussi d'ailleurs pour les décors.
Ce film tente de faire dire à l'oeuvre originale des propos qu'elle n'a jamais eu l'intention de tenir. Il tente de faire d'un conte pour enfant une oeuvre sombre et épique comme l'est le seigneur des anneaux. En essayant d'être partout à la fois, ce film échoue dans toutes ses entreprises.
Les scènes de combat ne sont que moyennement épiques, les scènes tragiques ne le sont pas, on ne se sent pas immergé dans l'univers malgré tout les peuples et les lieux montrés, l'histoire d'amour n'est pas intéressante, les propos sur la folie et l'avarice sont creux, l'aventure et la fraîcheur du texte initiale se perd également. Le titre même de l'oeuvre perd son sens, il n'y a que 4 armées dans ce film, la cinquième dans le livre étant l'armée des loups, dotés de paroles, qui sont ici relégués aux simples montures des orcs.
A vouloir être plus grand, plus épique, plus sombre que l'originale, ce film ne devient qu'une sorte de parodie grotesque de ce qu'est la trilogie originale du seigneur des anneaux.