Le Faucon
3.7
Le Faucon

Film de Paul Boujenah (1983)

Un flic, encore traumatisé par la mort de sa femme et aux méthodes expéditives ("mais il n'a jamais tué..."), poursuit un meurtrier sans pitié à travers les rues de Paris.

Un film au casting avec pleins de noms familiers (mais aux prénoms inconnus, comme quoi la famille dans le cinéma français) : du Boujenah, du Attal, mais aussi avec quelques débutants qui deviendront fort connus par la suite (Vincent Lindon survolté, Agnès Jaoui en "sois belle et tais-toi", Isabelle Nanty) comme quoi on peut survivre à des débuts catastrophiques, avec en acteur principal un Francis Huster... consternant, surnommé Le Faucon.

On sent que Boujenah veut faire son Inspecteur Harry à la française. Le problème est que le réalisateur ne sait absolument pas quoi faire une fois qu'il a repris une scène de ce genre de film. Par exemple, il choppe un complice du meurtrier, le plaque contre le capot de sa bagnole, lui fout un flingue sur la tête et lui demande où est le meurtrier sinon il tire. Francis Huster sort un compte-à-rebours : "5... 4... 3..." et... on passe directement à la scène suivante. Oui, on ne sait pas comment s'est terminée la scène précédente (d'autant plus qu'on sait que le complice n'avait pas la réponse à la question). Ou, à un autre moment, fulgurance géniale, le meurtrier apparait avec un porte-haches de jet dans le dos. On s'attend à un affrontement mémorable, sauf que le meurtrier balance toutes ses haches en cinq secondes puis sort son flingue.

Globalement, plus que le montage, c'est la progression de l'intrigue qui est flinguée. Le flic, qui se contente de courir à travers les rues, retrouve toujours le meurtrier, quand bien il n'a aucun indice. Mon explication : le film ne se déroule pas sur une journée comme on pourrait le croire mais sur plusieurs mois, avec Francis Huster qui courre tous les jours et qui par hasard tombe de temps en temps sur le meurtrier (mon explication est plus logique que le film, hein).

D'ailleurs, Francis Huster courre très mal :

On sent qu'on lui a demandé de courir à l'américaine, mais ça passe pas (alors que dans New-York Ninja, ça marche). Détail amusant : comme c'est filmé dans les rues de Paris, y'a des passants ordinaires dans les scènes parfois. Ca arrive de temps en temps que ces gens soient perturbés par la caméra, mais ça reste rare en général. Ici, avec Francis Huster qui courre n'importe comment et avec pendant la moitié du film son pansement vert au visage qui donne l'impression qu'il a la gangrène, les passants se retournent systématiquement.

Bon, sinon, en tant qu'être humain, le Faucon est plus que misogyne, brutalisant spontanément toutes les femmes qui l'approchent et qui donc tombent forcément amoureuses de lui, car on sait bien que ce sont TOUTES DES SAL... brm, hem, veuillez m'excuser pour cet écart de langage (notons au passage que tous les intérêts féminins du film ont la même allure, probablement le type préféré du réalisateur). Remarque, en tant que flic, c'est aussi sa manière de faire, de brutaliser spontanément les gens. A ce titre, scène exceptionnelle des bains douches (où le meurtrier s'est caché mais le flic ne le sait pas) : le Faucon arrive, et, sans un mot et immédiatement, avec une parfaite spontanéité, marave la gueule de la fille qui l'accueille d'un bonjour, assomme un mec lambda qui sort de sa cabine et retrouve le lieu où le meurtrier s'est caché (mais c'est un piège en fait). Bon, par contre, quand le meurtrier tue pendant une quarantaine de secondes un otage devant lui, il laisse faire (le flic ne voulant pas intervenir pour ne pas risquer la vie du-dit otage...).

Au-delà du mauvais traitement des femmes, c'est la distance par rapport aux autres corps qui est gênante, notamment les enfants. Scène spectaculaire du magasin de jouet où Huster monologue longuement et avec une grande proximité physique avec une gamine inconnue de sujets un peu trop intimes, avant de l'embrasser de manière un peu trop affectueuse (et de lui offrir une peluche pour service rendu). Bon, ces grands monologues en plan-séquence sont fréquents dans le film, scènes normalement servant à mettre en avant le talent des acteurs et de la réalisation. Normalement, hein. Le début du film est d'ailleurs difficilement supportable, car après un long, très long générique et une scène d'accident très mal monté, on se tape un interminable monologue de Francis Huster triste.

Bref, le Faucon, c'est un nanard qui fait vraiment mal aux neurones tellement c'est n'importe quoi.

Ahsamba
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le 3 déc. 2022

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