Le mérite du Discours est d’offrir à Benjamin Lavernhe un terrain de jeu à la hauteur de son talent ; l’acteur livre ici une prestation délicieuse, à la fois attachante et antipathique, et injecte dans la caricature qu’il campe une humanité et une malice appréciables. Preuve que Laurent Tirard sait écrire des personnages retors à la limite de l’antipathie, Adrien offrant un prolongement plus torturé au capitaine Neuville, bonimenteur réjouissant du Retour du héros (2018).


Pourtant, là où le réalisateur abordait la mystification par le prisme d’un duel sentimental et verbal entre un homme et une femme, il tend, dans Le Discours, à céder à la facilité d’une misanthropie épousée comme tonalité dominante ; celle-ci s’affranchit vite du point de vue strictement individuel d’Adrien pour gangréner l’entièreté du récit, répétant ad nauseam un même dispositif qui consiste à mettre en scène des projections mentales et à les confronter à la réalité pour accentuer sa trivialité et sa bêtise. Non qu’un tel dispositif ne fonctionne pas. Le souci tient à une destruction massive de la vie de famille et de l’amour qui ne propose rien en échange, sinon un ultime retournement mielleux comme aveu d’une incapacité à dépasser la trivialité condamnée.


La critique de Tirard manque de précision, ses cibles s’avèrent faciles et ses réussites diluées dans une suite mécanique de dérisions en tout point dérisoires. Reste, comme indiqué supra, un Benjamin Lavernhe formidable qui justifie à lui seul le visionnage de ce Discours divertissant.

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le 24 juin 2021

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