L'Homme sans foi, splendide et sombre

Première critique. J'ai été captivé par ce film signé Antonio Campos, malgré sa durée d'environ 2h20. Peut-être par mon attirance pour les personnages ardents, passionnés, au bord du gouffre, et englués dans le mysticisme ? Film choral passionnant, qui suit les pérégrinations de différents personnages dans une Amérique profonde, abandonnée de Dieu, sur une période de 20 ans. Ainsi, tous ces personnages, essayent de créer leur propre salut, tous essayent de donner tant bien que mal un sens à cette vie cruelle et courte. Superbes performances au niveau du jeu d'acteur. Un véritable coup de coeur pour Tom Holland, Robert Pattinson et Bill Skarsgård, pour ne citer qu'eux. Le point fort de ce film est sa capacité à véhiculer des messages métaphysiques d'une grande profondeur sans tomber dans la suffisance et la complexité intellectuelle. En effet, ce film dispose de deux degrés de visionnage. Une première lecture, montrant un monde sanglant, quasiment surnaturel, qui pourrait titiller la sensibilité de certains. Une deuxième lecture, qui montre les effets dévastateurs de l'alcool, de la guerre, de la religion, de la société bigote et obéissante, sur une population dénuée d'esprit critique. Une communauté toxique, tenue en laisse par une dévotion aveugle en Dieu. Une termitière qui essaie de survivre, d'exister, loin de tout regard. Tout le long du film, j'ai été fasciné par la capacité d'Antonio Campos à montrer la détresse, le fanatisme, et la folie des personnages, dotés d'un tempérament dostoievskien. Ce film m'a convaincu d'acheter le livre, tout aussi brutal et passionnant. Très bon film, à déconseiller pour les âmes sensibles ou trop cartésiennes.