Le dernier loup est un film intelligent. Il fait d'excellents choix de mise en scène qui se révèlent tout de suite payants pour leur sincérité. Autant, les sentiments que développe le film sont parfois très guimauve dans la tristesse ou la joie, autant la logique qu'il suit les justifie pleinement. Il commence par jouer la carte de l'immersion totale. Nous découvrons le système de fonctionnement des campagnes communistes, ici en Mongolie et en compagnie d'un village de nomades qui est chargée d'élever du bétail pour nourrir les populations, tout en utilisant leurs connaissances ancestrales de la steppe pour en tirer le maximum. Et cela passe bien évidemment par les loups. Le film est en cela intelligent, car il est l'antithèse d'un film comme Le territoire des loups, et qu'il se présente comme une quasi démonstration de l'émergence d'une catastrophe écologique. Il arrive à cerner parfaitement le fonctionnement de l'écosystème (certes en le simplifiant) de la steppe, hostile et rude (peu favorable à l'agriculture). Mais avec le développement des campagnes, les sources de nourritures naturelles des loups deviennent de plus en plus rare, alors que les campagnes d'élimination des louveteaux se multiplient). Et c'est donc peu à peu une escalade de violence pour la survie qui s'amorce entre les deux espèces, où il apparaît bien vite que les loups ont clairement le désavantage question barbarie et cruauté. C'est sur cette toile de fond que le film bâtit un autre drame un peu plus intimiste, avec l'un des jeunes étudiants qui tente, en secret, d'élever un louveteau sauvé d'une de ces campagnes d'éradication. Histoire simple, sincérité émotionnelle forte. C'est ce qui rend le film si plaisant, avec son authenticité. Point n'est besoin de faire des discours de réclame quand les faits parlent d'eux même. Et les plans magnifiques des loups de nuit, aux yeux verts (retouchés numériquement) qui transpercent littéralement le spectateur, laissent clairement la beauté de la nature faire son boulot. Dans ce contexte, la 3D est bien faite, permettant à la manière de Prometheus de donner vie aux décors avec classe et distinction. Mais Le dernier loup souffre d'un énorme défaut. 30 minutes de trop. Mais méchantes, ces trente dernières minutes. Sans rythme, la durée du film s'étend (l'intrigue s'étale sur deux longues années), et il arrive un moment où clairement, on commence à s'emmerder. Et voilà que notre étudiant tombe amoureux d'une fermière, mais que son bébé loup mord son fils. Roh la la ! C'est moi ou ton loup ! Pfffffff. C'est mon loup à moi, c'est pas le tien ! Grrrrr. Cédant aux facilités de la guimauve, la fin s'enfonce donc comme les gazelles dans le lac de neige, et de ce film, on ressort froid. Sans être déçu pour autant. La direction artistique sans faille d'Annaud offre déjà largement de quoi combler sa vue, et la perspective d'un récit animalier à l'ancienne met toujours du baume au cœur.
Voracinéphile
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le 3 mars 2015

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