Tout est une question de point de vue

Je ne connais pas vraiment le cinéma de Ridley Scott, j'ai vu ses films les plus connus et peut-être ses plus récents si on compte Prometheus et Alien Covenant. Par défaut je m'attendais alors à quelque chose se rapprocherait de Gladiator dans l'approche historique et dans les scènes d'actions. Malgré ces attentes je me suis trouvé face à une proposition cinématographique qui m'a tout à fait séduit.

Ce film nous montre des suites d'événements racontés 3 fois, à chaque fois d'un point de vue différent. On a donc 3 chapitres, un pour chaque hommes impliqués dans l'affaire, le troisième et dernier chapitre représente le point de vue de Marguerite, la femme au cœur de l'incident puisque c'est bien elle violé.

Ce qui m'a surtout plu c'est les subtiles changements entre chaque point de vue. La scène du viol est pour moi le parfait exemple sur lequel s'appuyer pour montrer ce à quoi s'attendre durant le visionnage. Donc ça va spoiler pour ceux qui en ont quelque chose à faire.
Dans cette scène, du point de vue de l'homme, Jacques Le Gris, malgré le désaccord Marguerite garde un ton relativement joueur, quand elle monte vers sa chambre elle laisse ses chaussures au début des escaliers, Jacques joue avec elle (comme on le voit faire avec d'autres femmes avant elle) puis malgré ses faibles "non" il la pénètre, malgré que la scène soit choquante et que je considère tout de même cet acte comme un viol, on peut le comprendre un tout petit peu car c'est ce à quoi il est habitué à faire dans ses orgies avec son Seigneur Pierre, cousin du Roi.
Du point de vue de Marguerite, les chaussures tombent alors qu'elle s'enfuit, et le jeu devient bien plus cours alors qu'il se jette sur elle. Toute les nuances se ressentent sur le jeu d'acteur, la manière qu'elle a de dire non (elle crie et pleur dans ce cas-ci (ou plutôt on la voie pleurer dans ce cas-là)), les angles de caméras, et tout le film suit le même principe ce qui donne quelque chose de passionnant et prenant à suivre.

Ces trois versions mènent ultimement au dernier duel entre ces deux hommes, un duel dont la brutalité est palpable, passant par les sons des épées se rencontrant ou les armures s'abimant au fur et à mesure que le combat avance, le tout menant à une fin tout à fait morbide alors qu'on voit le mari de Marguerite heureux de retrouver l'amour de la foule et le corps de Jacques être pendu en place publique.
Une fin morbide pour une histoire morbide, qu'on arrive à nous faire manger à la petite cuillère et on aime.