Après avoir vu ce film, on se rend compte qu’être une femme au Moyen-âge, c'était un véritable fardeau. Avant dernier long-métrage de Ridley Scott (parce que oui, House of Gucci arrive dans quelques semaines), Le Dernier Duel est un drame historique qui s’inspire du livre éponyme d’Eric Jager parlant du dernier duel judiciaire en France le 29 décembre 1386 : le duel Carrouges-Legris. Ridley Scott est toujours aussi talentueux lorsqu’il s’agit de faire une fresque historique et de reconstituer une époque passée : ici c’est la France au Moyen-Age. Le film nous plonge pendant deux heures et demi dans cette période de l’Histoire reconstituée de manière extrêmement réaliste de sorte à ce que le spectateur croit à ce qu’il voit. Et sur ce point c’est réussi, que ce soit par ses décors, costumes, maquillages, son ambiance musical …


Finalement toute l’atmosphère moyenâgeuse est reconstituée et mis en scène avec brio : Scott le rend palpable et tangible. Les plans du film et leur composition nous font penser à de véritables tableaux donnant goût à cette période, la rend appréciable. Pourtant, le moyen-âge n’est pas la période la plus idyllique dans l’histoire de l’humanité, et c’est pour cela aussi que le film n’est pas timide pour nous montrer toute sa violence et toute sa face noire, notamment sur la condition de la femme. Et ceci est le propos du film. Déjà qu’être un homme en étant pas gradé (comme chevalier par exemple) est très difficile, être une femme est équivaut à être prisonnière toute sa vie. Prisonnière mais aussi potentielle proie aux prédateurs sexuels. Ne serait-ce pas encore d’actualité ?


La provocation en duel judiciaire entre Jean de Carouges joué par Matt Damon et Jacques Le Gris joué par Adam Driver est dû parce que ce dernier à violé la femme de son ami. Sa femme joué par Jodie Comer, qui prend le risque de porter plainte de ce viol. Les trois points de vue qui se partage en trois chapitres dans le film, nous permettent de savoir qu’elle est la vérité sur cette histoire. Et cette brillante idée narratologique permet de se rendre vite compte de la vraie personnalité de chaque personnage lorsque leur chapitre leur est dédiée (et on a le point de vue de chacun sur les deux autres). Par exemple, on comprend au fil de l’histoire que le personnage joué par Matt Damon s’avère être un personnage égocentrique, qui tiendrait plus à sa réputation qu’à sa femme : s’il décide de punir son ami, c’est plus parce qu’il l’a humilié que parce qu’il trouve ça odieux vis-à-vis de sa femme. N’en est-il qu’il subsiste donc quelques répétitions de scène, qui même si elles sont assumées, peuvent s’avérer gênantes.


Quant au personnage de Margueritte de Carouges, le film stipule que son point de vue est la « vraie vérité » de cette histoire ce qui peut manquer de subtilité (car c’est comme si elle avait la vérité absolue). On a ainsi par exemple le point de vue de Matt Damon occultant beaucoup de choses et donc s’éloignant toujours un peu plus de la vérité (par exemple lorsqu’il oblige sa femme à coucher avec lui car il ne veut pas que son rival soit le dernier à l’avoir fait avec elle), et c’est la même chose pour celui d’Adam Driver. C’est finalement le personnage féminin qui n’a pas une vision erronée du réel, dont cette dernière est justement montrée comme la vérité sur les évènements. L’idée n’est pas de dire que la femme a la vérité absolue, mais plutôt de montrer que la victime d’un acte aussi ignoble qu’un viol est la plus légitime pour dire la vérité sur la chose.


De plus, le point de vue des personnages masculins n’est pas montré comme complètement faux, si ce n’est avant l’acte où l’on apprend des choses qui ne concernent que leur relation. Ce film nous raconte l’histoire d’une femme qui refuse de garder le silence, même si la vérité n’importe peu et que seul le pouvoir des hommes comptent. Bref, Ridley Scott revient avec un discours féministe très fort après Thelma et Louise sorti en 1990, qui est encore d’actualité. Dans son ensemble, Le dernier duel n’est pas le plus grand film du réalisateur et il va sûrement diviser, mais Scott n’a pas sorti un film aussi réussi depuis au moins dix ans.

Hugocharron
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le 17 oct. 2021

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