La vérité de chacun

Amoureux depuis très jeune des films médiévaux, de cape et d'épée, j'attendais impatiemment ce métrage qui proposait une histoire très intriguante, mise en image par un grand réalisateur et avec un casting très impressionnant. Et c'est le cas, le cast est tout simplement irréprochable, hélas le prix à payer pour une telle brochette de star est la langage parlée; l'anglais. Pour un film dont l'univers se déroule en France et où les personnages (qui ont réellement existais) sont français, les entendre parler anglais pendant 2h30 m'as légèrement gênés mais comme dis précédemment, c'est le prix à payer. Car il n'y a aucunes fausses notes, Matt Damon campe parfaitement son personnage, Jodie Comer (dont je vais dès à présent vivre attentivement son parcours) incarne un symbole féminin fort et teinté de nombreuses nuances. Adam Driver poursuit une fois de plus son ascension et colle parfaitement au personnage de Jacques Le Gris lui apportant un imposant charisme et une force inquiétante. Ben Affleck s'éclate dans le rôle, ça se voit et quel plaisir de le voir de nouveau.

L'action est également l'un des points forts du métrage, il s'agit d'une violence palpable où chaque coup porté blesse et heurte notre regard. Les séquences d'actions sont exemplaires et m'ont propulsées à l'intérieur du récit, me coupant le souffle par moment.

L'aspect féministe est ici subtilement engagé, le réalisateur et les scénaristes, ne prennent pas les spectateurs par la main pour leurs faire comprendre les retournements ou les tenants et les aboutissements de telle ou telle situation. Cette subtilité est solidement forgée sur la construction du regard qui produit un niveau d’ambiguïté profondément fascinant. Plusieurs regards sont mis en scène ceux des personnages et ceux du spectateurs. Grâce au trois points de vus ou au trois chapitres, rappelant la structure du célèbre Rashômon (1950).

J'aime penser que les retrouvailles de Ben Affleck et Matt Damon au scénario sonne comme une revanche qu'ils se sont imposés car leur dernière collaboration remonte à Will Hunting (1997), film produit par les frères Weinstein et donc Harvey Weinstein. L'histoire de ce duel judiciaire, de ce western médiéval post #MeToo est parfaitement dans l'air du temps, dénonçant la domination masculine par le biais d'un crescendo narratif maitrisé. Le Dernier Duel est un grand film.