Nous sommes en 1820. L'expédition du capitaine Henry chassa la fourrure pendant deux ans dans le territoire inexploré du Nord-Ouest. Résolus à atteindre le fleuve Missouri avant qu'il ne neige, les trappeurs et leur bateau, tiré par 22 mules, se frayèrent un chemin à travers l'immensité sauvage. Une fois sur le fleuve, ils pourraient atteindre les comptoirs et vendre leur précieuse marchandise. Les faits relatés ici sont historiquement vrais.



En 1971 le cinéaste Richard C. Sarafian propose avec Le Convoi sauvage un western insolite qui s'exprime par le biais des sentiments intimes d'un homme confronté à la nature sauvage au moyen d'une communication par l'image habile en matière de grands espaces, qui confère au récit une structure métaphysique symbolique nous renvoyant aux origines de la vie. Une réalisation magistrale au service d'une intrigue inspirée de faits historiques subvenue en 1820 dans laquelle on suit le trappeur Zachary Bass (Richard Harris), guide pour un convoi de fourrures à travers un territoire indien hostile, qui après l'attaque violente d'un ours laissant le pauvre bougre plus mort que vif va se retrouver finalement abandonné par son équipe. Animé par une rage vengeresse virulente à l'encontre de son groupe, Zachary va se rafistoler tant bien que mal avec les moyens qu'offre dame nature pour prendre en chasse le convoi et se venger. Une longue poursuite où le trappeur va se confronter à ses propres démons via différents flashbacks appuyés par un spectacle anagogique institué par une mère nature à la fois cruelle et bienfaitrice qui conduiront Zachary à se remettre en question à travers une quête spirituelle étonnante.


Le Convoi sauvage est une épopée aérienne, intimiste, troublante, saisissante et réaliste, dans laquelle le réalisateur livre une écriture sainte sur le rapport spirituel et mystique qui lie l'être humain à la Terre. Artistiquement, c'est proche de l'excellence avec une photographie soignée qui livre des costumes et des décors fabuleusement concrets, dont un des points névralgiques s'avèrent être un navire sur roue chargé de fourrures, traîné par des mules avec un mat dressé telle la croix de Dieu, qui religieusement représente pour ce film la damnation de l'homme. Dès la séquence d'ouverture la mise en scène fait des miracles en livrant des images époustouflantes qui célèbre la mort, puis la vie. Un travail artistique, technique et esthétique remarquable ayant un pouvoir immersif conséquent avec une tension qui malheureusement a bien du mal à se maintenir dans la longueur à cause d'un scénario lent qui laisse peu de place à l'action. Le manque de dialogue tout à fait justifier n'aide pas le rythme à s'emballer et la notion du temps est difficilement perceptible, si bien, qu'on ne sait pas combien de temps il se passe entre l'attaque de l'ours, la guérison, et les retrouvailles finales.


Si la réalisation est remarquable, l'intérêt du film l'est beaucoup moins malgré quelques séquences visuellement dures (la scène du bison, ou encore la longue et douloureuse guérison de Zachary), ainsi que magnifique (la séquence durant laquelle une Indienne accouche), et c'est tout à fait regrettable. Le final laisse clairement sur la faim, on ressort dubitatif et circonspect devant cette conclusion qui symboliquement et artistiquement a du sens, mais qui d'un point de vue "spectacle" laisse le spectateur sans la moindre fulgurance. C'est terriblement frustrant. La composition musicale de Johnny Harris n'est pas mauvaise (loin de là !), seulement je trouve qu'elle ne colle pas avec les différentes péripéties ainsi que la trame du récit. Une composition pleine de fougue sous un air de grandes aventures qui pour un tel film fait bizarre. Le récit est littéralement porté par l'interprétation bluffante de Richard Harris qui en Zachary Bass trouve un rôle physiquement difficile à mettre en place, devant passer toutes émotions avec un minimum de dialogues et dans des séquences majoritairement en solo. Une tache que le comédien s'acquitte avec beaucoup de brillance et de crédibilité. Les autres protagoniste sont oubliables, seul le chef indien (Henry Wilcoxon) et le capitaine Andrew Harry (John Huston) ont un peu plus d'intérêts. Les deux comédiens sont convaincants, seulement leurs personnages manquent d'écritures.


Un cinéaste malmené qui a du répondant :
La réalisation fut difficile à cause d'une réalité géographique complexe à cause d'un vent neigeux glacial qui durant le tournage fut une véritable épreuve pour l'ensemble de la distribution avec un Richard C. Sarafian congelé qui n'arrivait plus à parler normalement sur le plateau. À cause du retard dû au temps instable, l'équipe dut tourner le final en seulement 5 jours alors qu'initialement elle en disposait de 10. Un travail intense que le cinéaste parvenu à mener au bout dans les temps. Malheureusement ses efforts ne porteront pas sur grand écran à cause du studio Warner Brothers qui au même moment en plus du film "Le Convoi sauvage" sortait également "Jérémiah Johnson". Le studio choisit délibérément de mettre tout le budget promotionnel sur "Jérémiah Johnson", délaissant totalement le long métrage de Sarafian ce qui le fit rentrer dans une colère noire au point de convoquer le représentant de la Warner pour lui coller un pain dans la figure.


CONCLUSION :


Le Convoi sauvage de Richard c. Sarafian est un western âpre et saisissant qui livre une interrogation et une critique sur la Bible à travers la rédemption symbolique/christique d'un homme qui dans une quête pour la survie trouve finalement Dieu en mère nature et ce qu'elle a offrir de plus triste, et de plus beau avec la mort et la vie.


Une oeuvre artistiquement et techniquement impressionnante qui connaîtra un reboot mieux maîtrisé avec "The Revenant" par Alejandro González Iñárritu avec Leonardo Dicaprio.

B_Jérémy
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le 6 juin 2021

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