On peut trouver Le Congrès des belles-mères rangé parmi les « Nanars du terroir » dans le second volume Nanarland et sur le site internet de même nom. Or classer ainsi le film d’Émile Couzinet est une erreur vraiment grossière car le discrédit jeté sur le long-métrage étouffe toute considération un tant soit peu sérieuse qu’un critique pourrait tenir à son égard. Ici pas de grand cinéma, certes. Mais une lutte des sexes assez jubilatoire qui témoigne des revendications féministes inscrites dans la ruralité et avant les évènements des années 60. Ce qui fonctionne véritablement dans Le Congrès des belles-mères, c’est l’écriture des répliques qui parvient à maintenir un rythme soutenu en dépit de quelques baisses de régime : on se croirait au théâtre de boulevard, mais où la scène aurait cédé sa place au village. Alors oui certains fils du scénario sont convenus ou malvenus – l’enlèvement, par exemple, ne convainc guère – mais n’atteignent que peu le plaisir de visionnage d’une œuvre populaire où tout le monde chante à tue-tête pour asseoir sa condition. Le film capte très bien les dynamiques de solidarité au sein de l’espace villageois, et sonne aujourd’hui comme le conservatoire d’une France surannée et disparue, ou sur le point de disparaître. Redécouvrons Le Congrès des belles-mères sans interposer ce jugement de valeur préconçu et moqueur qui se plaît à condamner terroir et solidarités populaires à l’heure de l’individualisme urbain et triomphant.