Premier film d'un jeune réalisateur français au ton à la fois frais et pertinent, «Le ciel, les oiseaux et ta mère» constitue une très bonne surprise.
A vingt-quatre ans, le cinéaste et scénariste Djamel Bensalah entraîne quatre jeunes comédiens dans une aventure cinématographique exemplaire. Avec très peu de moyens et sans l'appui d'aucune star, cette jeune équipe dynamique réalise un film malin qui va bien au-delà de la simple comédie franchouillarde. Bien sûr, en lisant le synopsis on pouvait s'attendre au pire : suite à un concours vidéo organisé par leur lycée, quatre jeunes de la banlieue parisienne gagnent des vacances à Biarritz. Mais Djamel Bensalah parvient aisément à dépasser le film de vacances entre amis en s'attardant sur la réaction de ses personnages parachutés dans un univers qui leur est totalement étranger.
Une courte première partie nous dévoile les quatre protagonistes en train de réaliser leur vidéo et de recevoir leur prix. Puis, faisant intelligemment l'impasse sur le voyage, le réalisateur les surprend directement au bord de la mer. Le spectateur sait à cet instant que ces jeunes banlieusards ne sont jamais sortis de leur grisaille quotidienne. Ce qui donne tout son sens au film. Youssef (Jamel Debbouze), Stéphane (Stéphane Soo Mongo), Christophe (Lorant Deutsch) et Mike (Julien Courbey) évoluent dès lors comme des extraterrestres débarquant sur notre planète. Ils se faisaient des plans de drague insensés, prévoyaient de passer la plupart de leur temps à faire la fête. Désillusions. Arrivés sur place, ils constatent amèrement que leur manière de vivre est en totale contradiction avec l'esprit étroit des gens qu'ils rencontrent, qu'ils soient autochtones ou vacanciers.
Malgré leurs efforts pour s'intégrer, nos quatre amis se retrouvent dans leur maison de vacances à jouer au chat et à la souris avec leurs charmantes voisines. Et, ce qui commence comme un petit film parlé en langage jeune devient une thèse sociale. Le mot n'est pas trop fort, car le cinéaste parvient à provoquer la réflexion dans des instants de pure comédie. Car l'arme choisie par cette équipe dynamique est le comique : comique de langage grâce à l'utilisation intelligente du vocabulaire des cités, comique de geste car il accompagne souvent la parole des personnages (Jamel Debbouze se livre parfois à des imitations de De Niro, conscientes ou non) et enfin comique de situation qui plonge nos héros dans un univers impitoyable. Eux qui croient être les rois du monde se rendent compte que l'environnement dans lequel ils évoluent et bien pire que ce à quoi ils pouvaient s'attendre.
Mais attention, Djamel Bensalah ne prend jamais leur parti. Son scénario les fait évoluer, les rend plus responsables et plus matures. Finalement, ces aventures balnéaires s'avère être leur passage de l'enfance à la vie adulte, toute proportion gardée. Sous leurs airs de ne pas y toucher, le réalisateur et ses comédiens réussissent à faire réfléchir tout en amusant. Ce qui est rare et précieux dans le jeune cinéma hexagonal. Chapeau bas, Messieurs.
RemyD
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le 23 oct. 2010

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RemyD

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