En montrant l’épopée des premiers poseurs de rails dans le paysage sauvage du Montana, John Ford tourne résolument le dos au western de type cow-boy. Ici point de spectaculaires gunfights (avec des six coups qui en tiraient cent!), mais plutôt une histoire d’hommes confrontés à des difficultés quotidiennes. Sobre, mais concis, Ford annonce déjà ce que sera son style: pas de plan inutile ou d’évènement gratuit. Chaque geste répond à une situation et sert à montrer le caractère même de l’individu. La mise en valeur est donc celle des personnages et non de l’action. Ainsi, même si les scènes avec les Indiens restent spectaculaires, elles sont plus le fait d’une illustration réaliste des difficultés rencontrées que d’une volonté de surenchère (la scène du pillage du train est à comparer avec celle foisonnante et baroque d’ « Union Pacific », réalisé en 1939 par Cecil B. de Mille, illustre ordure Hollywoodienne). Le ciment qui soude ces hommes est celle d’une idée commune : faire avancer la civilisation. Et c’est déjà la naissance d’un des grands thèmes fordiens : ce sont ces gens simples et travailleurs qui ont fait les Etats-unis (et non les financiers de l’Est). « The Iron Horse », réalisé en 1924, est un grand film. Déjà !