Le Chat noir par busterlewis
Lointaine adaptation d'une nouvelle de Poe, Le chat noir répond au principe du film de série B qui veut que : moins on en voit, plus le budget est rikiki.
Produit par Carl Laemmle (le fondateur des studios Universal) et réalisé par Edgar G. Ulmer qui, à l'instar de Jacques Tourneur, est un brillant réalisateur de série B. Les budgets dont il dispose sont dérisoires mais il ne lui en faut pas plus pour faire des miracles et mettre en scène des films tout à fait savoureux.
Avec Le chat noir, on peut faire la liste de toutes les caractéristiques du film fantastique de série B :
- un décor presque unique (la maison de l'architecte)
- une durée courte (le film dure 1h05)
- le thème du film : les rites sataniques
- la présence de deux acteurs légendaires du film "fantastique" : Boris "Frankenstein" Karloff et Bela "Dracula" Lugosi. Ils se donnent la réplique pour la première fois.
- un couple de jeunes amoureux, pures et innocents qui se laisse prendre au piège.
- des superstitions : le chat noir
- un lieu inquiétant : la maison de l'architecte a été construite sur un ancien camp de prisonnier. L'architecte et propriétaire de la maison (Boris Karloff) a d'ailleurs pris soin de garder quelques éléments datant de cette époque. Il était, qui plus est, le gardien de ce camp. Le personnage de Bela Lugosi était, quant à lui, un de ses prisonniers. Il revient pour tuer son bourreau.
Le chat noir est un film "à double tranchant". On sourit souvent devant le jeu très figé de Karloff et Lugosi (encore qu'ils possèdent un véritable charisme) ainsi que devant la naïveté très clichée du couple piégé. Par contre, on applaudit le magnifique travail d'éclairage. Moins on en voit, plus on a peur. Ulmer applique ce principe avec cette obscurité toujours très grande. Une obscurité qui est un personnage à part entière. Les protagonistes doivent lui échapper pour survivre car c'est en quittant ce lieu maléfique, en retournant à la lumière qu'ils seront sauf.