C'est peut-être le film le plus connu de la Hammer, et sa réputation est amplement méritée. On trouve là toutes les qualités des meilleures productions de la firme anglaise: photo, costumes et décors soignés, atmosphère victorienne feutrée (même si le film est situé en Europe de l'Est), mais pas pour longtemps, personnages pour certains incrédules et qui vont être confrontés à des horreurs diverses: angoisse, deuil, violence, innocence dévoyée, etc. Habilement, le film, qui pioche plus dans l’œuvre de Stoker qu'il ne l'adapte, nous déroute en éliminant en cours de chemin un personnage qu'on avait pris pour le héros.

Et n'oublions pas cet autre atout: des actrices et des acteurs convaincants. Habitué, de par son physique, aux personnages assez secs, Peter Cushing incarne ici un Van Helsing profondément humain (il est bouleversé quand il découvre le sort funeste de son ami), compatissant, ferme quand il le faut, courageux toujours. "Le Cauchemar de Dracula" doit aussi évidemment beaucoup à l'interprétation de Christopher Lee, qui parvint, après Bela Lugosi, a incarné un nouveau Dracula emblématique: ce rôle quasi-muet rend le vampire encore plus mystérieux et inquiétant, Lee joue parfaitement sur sa dualité, tantôt aristocrate racé, tantôt bête sanguinaire impitoyable. Sa présence à l'écran a beau être finalement assez réduite, Dracula vampirise (ha ! Ha !) tout le film: on sent continuellement sa présence menaçante. Il fallut attendre huit ans et "Dracula, prince des ténèbres" pour que Christopher Lee accepte de rendosser la cape du comte maléfique: il craignait de se faire enfermer dans le rôle. Il était lucide...

Drustan
8
Écrit par

Créée

le 7 mai 2024

Critique lue 2 fois

1 j'aime

Drustan

Écrit par

Critique lue 2 fois

1

D'autres avis sur Le Cauchemar de Dracula

Le Cauchemar de Dracula
Docteur_Jivago
6

Un dracula qui manque de mordant

Engagé comme bibliothécaire, Jonathan Harker se rend dans les Carpates chez le comte Dracula. Mais son vrai objectif est de détruire Dracula, malheureusement pour lui, il se fera très vite mordre par...

le 16 déc. 2014

28 j'aime

12

Le Cauchemar de Dracula
Eren
7

Drague amère

La légende de Dracula est, et restera, un hymne à la peur... Un personnage qui impose le désarroi horrifique qu'on lui connait, et qui s'intègre augustement dans l'âge d'or de l'épouvante de la...

Par

le 12 févr. 2014

24 j'aime

3

Le Cauchemar de Dracula
Ugly
10

Un soupçon de sexualité et du sang bien rouge

En 1958, cette nouvelle version du mythe vampirique sur Dracula marque le renouveau d'un genre jugé jusque là mineur et peu sérieux : le film d'horreur ou film d'épouvante comme on disait alors...

Par

le 21 oct. 2016

14 j'aime

2

Du même critique

Chasseur blanc, cœur noir
Drustan
5

Caprice meurtrier

"Chasseur blanc, cœur noir" s'inspire des préliminaires du tournage d' « African Queen » de John Huston et s'achève ironiquement lorsque John Wilson (Clint Eastwood), le réalisateur,...

le 6 sept. 2021

3 j'aime

2

La Corruption
Drustan
8

Mon père, ce salaud

"La Corruption" est une satire cinglante et impitoyable de l'Italie de la prospérité retrouvée, où Bolognini fait voler en éclats la figure du “pater familias”, ici un despote sans scrupules...

le 8 mai 2021

3 j'aime

L'Or de MacKenna
Drustan
8

Poussière d'or

Succès du western italien oblige, l'heure n'était plus en 1968 aux westerns idéalistes, mais à un ton plus désabusé. Gregory Peck a donc la charge d'assurer la transition avec le western classique:...

le 31 janv. 2024

2 j'aime