Le Néo-réalisme à la sauce Raoul Walsh

(Découvert en 2012)


Le manteau m'avait bien plu mais sans forcément avoir créer un grand enthousiasme ; par contre ce titre-ci m'a convaincu au plus haut point.
Lattuada mélange le néo-réalisme et le film noir avec une force de tout les instants. Les deux genres se nourrissent admirablement bien et sont indissociables grâce à un formidable scénario et une réalisation d'une concision très dense. Il suffit de très peu de plans pour poser une atmosphère étouffante de déliquescence morale et de pauvreté. Ses plans sont construits avec une telle habilité qu'il arrive à leur donner régulièrement une puissance universelle comme si le cadre comprenait une vérité absolue tout en étant parfaitement intégré au cinéma de genre. Pourtant ce n'est pas grand chose : une lumière qui tombe sur un groupe de mendiants, une façon de filmer une cage d'escalier, un regard échangé avec une petite fille etc.. Cette habilité et cette efficacité m'ont fait penser par moments aux meilleurs Walsh dans le sens où le cinéaste parvient à leur donner une valeur qui dépasse le simple cadre du cinéma et du narration un peu comme dans Gentleman Jim, la fille du désert ou la charge fantastique.
En parlant de Walsh, tout la fin fait fortement penser à High Sierra avec le même lyrisme tragique. Le fait que Amedeo Nazzari ressemble beaucoup à Errol Flynn renforce encore ce sentiment troublant.


Pour continuer dans les superlatifs : les dialogues sont parfois brillants avec ce qu'il faut de sous-entendus, la narration ne se relâche jamais, les personnages complexes, un scénario imprévisible et enfin les auteurs n'ont pas peur d'aborder frontalement les problèmes mais sans jamais tomber dans la démonstration ou le discours moralisateur.
Cette virtuosité de pur metteur en scène (au delà de la technique même) parvient à contourner tous les clichés (relation avec le personnage féminin) et les péripéties grossières (la sœur).


C'est une grande révélation pour moi. Le bandit dégage une richesse thématique et visuelle d'une ambition dramaturgique qui en fait un classique instantané.

anthonyplu
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le 18 mars 2019

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