Dix ans après ‘’Prom Night’’ une troisième suite n’ayant rien à voir avec l’original voit le jour, sortant en VHS. ‘’Prom Night III : The Last Kiss’’, c’est une production qui témoigne parfaitement de la chute libre spectaculaire que connaît le Slasher à la fin des années 1980 chez les spectateur/rices. Les productions horrifiques enchainent les échecs, et de nombreuses franchises poursuivent leur petit chemin d’exploitation dans les sphères du Direct-to-VHS.
Dans l’ensemble cette catégorie est plutôt alimentée par des métrages médiocres, qui ne sont même pas parvenus à connaître les joies du grand écran. Mais les producteurs cherchent tout de même à viser un public cible d’afficionados. Où simplement des cinéphiles égarés qui se disent qu’il y a peut-être du bon à trouver là-dedans.
Et en effet, au moins une production sur dix s’avère… intéressante… C’est le cas ici avec ce ‘’Prom Night III’’, qui est un objet cinématographique promptement hallucinant, partant dans tous les sens, dans des directions opposées, avec une interprétation des comédien/nes totalement à a rue. L’ambiance reprend beaucoup celle du précédent volet, pour s’enfoncer dans un délire totalement cartoonesque, saupoudré d’un gore cradingue des plus généreux, puisque le film ne lésine pas sur les effets sanglants. C’en est même son fonds de commerce.
Tout commence… Dans ta mère parce qu’on encule la logique. Pardon, tout commence par un retour à Hamilton High, le lycée du premier film. Ouais, parce qu’en fait il fallait essayer de faire un lien avec l’original pour justifier que c’est bien une suite. Mary Lou, décédée dans le second opus, revient pour charmer Alex, un jeune lycéen qu’elle utilise pour camoufler ses crimes.
Au fil du récit, Alex se Bad Assise, se met à porter du cuir et des verres fumés, tout en conduisant une grosse moto de beau gosse. Il frime auprès de tout le monde, mais surtout il se tape Mary Lou, qui l’envoûte totalement. La manipulation pousse Alex dans la réalisation des basses besognes, comme enterrer les cadavres laissés par Mary Lou, dans le terrain de football du lycée. Hmmm malin !
Au départ le métrage se présente dans la continuité des deux premiers, avec une thématique sur l’adolescence, et le changement de personnalité lors du passage à l’âge adulte. Ce moment où l’humain prend conscience de son corps, et de ce qu’il dégage. Ainsi au début du film, une séquence tenant lieu dans une salle de sport, fait un peu de grossophobie, opposant les corps gras de deux femmes sur des machines de musculation, face un groupe de jeune bien foutu.
Le muscle, le ventre plat, la fine ligne, participe à un culte de soi, en opposition à ceux qui n’ont pas la chance d’avoir la bonne physionomie. Ainsi, ‘’Prom Night III’’ aborde des questionnements somme toute logiques pour une production destinée avant tout un public ado’. Cela laisse entrevoir une suite logique, avec ce message qui pose des questions sur son temps. Ça se serait si le film partait pas complétement en couille, au point de devenir un gros délire goresque complétement hallucinatoire.
Les réalisateurs sont partis loin, très très loin, au point que par moment ça donne vraiment l’impression qu’ils ne maîtrisent plus leur œuvre, tel un monstre livré à lui-même et s’auto-alimentant de conneries. Pour exemple, une séquence téléphonique classique, entre un ado et ses parents, prend une tournure cartoonesque presque dérangeante. Les voix des parents sont des bruitages aigues en accélérés, complétement incompréhensibles, qui ne veulent absolument rien dire. Au début c’est la mère qui parle, puis le père prend le combiné, et s’exprime de la même manière. Un passage qui dure longtemps, très longtemps. Visiblement c’est censé être drôle, en vrai ça marche pas tellement.
Ensuite c’est la porte ouverte à tous les délires, sans forcément de logique où de continuité. Le schéma du récit se cale sur ‘’Mary Lou tue des gens’’ puis ‘’le jeune homme cache les corps’’. Lors d’une scène de sexe, n’oublie pas que nous sommes dans un Slasher, Mary Lou et Alex s’ébattent sur le drapeau américain. Alors que la caméra recul pour présenter l’ampleur du plan, l'hymne national américain se met à résonner en fond…
Vite, une prière pour Notre-Dame du bon goût, qui a fait qu’a un moment dans la chaine de commande quelqu’un s’est écrié : ‘’Hé ce serait drôle ça, et subversif !’’. Ça ne l’est pas. Ni drôle, ni subversif. Visiblement il y a une volonté d’entacher un peu une société américaine puritaine, mais ça n’est pas vraiment clair. Ce qui fait que ce plan résonne un peu creux.
Par la suite c’est le Mary Lou show, alors qu’elle prend une tournure physique très proche du Dalhia Noir, elle se met à trucider à la chaîne, sans raisons ni motifs, autre que tuer. Coup de batteur électrique dans la gueule, éventration (elle remplit ensuite le ventre grand ouvert avec de petits drapeaux américains), électrocution avec des éclairs qui sortent de ses yeux… Et ça n’arrête pas comme ça pendant tout le reste du film.
‘’Prom Night III : The Last Kiss’’ c'est une œuvre gore et complétement comique. Avec une ambiance typique du début des 90's, la lumière bleue qui inonde les pièces, filtrant au travers de stores mi-ouvert, avec en accompagnement musicale du saxophone. Mais c'est un 3, et c'est naze. En fait il est tout pareil que le 2, mais avec tout qui marche moins bien. Mais le fait que ce soit raté, ça lui offre un charme fou frôlant les limites du Zedesque.
C'est à la fois triste et si drôle, comme un plaisir super coupable. Similaire à ce genre de moment où discrètement on prend le dernier Delacre dans la boîte, alors que tout le monde le lorgne depuis 10 minutes. Pour s’en délecter avec un petit sourire narquois. Ou encore, un peu comme regarder quelqu'un tomber dans la rue, et se rassurer avant toute chose que ce ne soit pas soi. Ce genre de plaisir coupable, un peu cruel et pas très Charlie.
C’est bien simple, l’ensemble du film est totalement surréaliste. Le meilleur exemple en est Alex, un personnage détestable, qui se prend pour Terminator avec sa Harley, ses Ray Ban, et son perfecto. Lui qui se pose des question sur la nature de Mary Lou, qui le soir venu lit un bouquin intitulé "Démons and Ghosts", oklm. Le tout servi par un acteur au jeu stratosphérique, qui n’évolue pas sur le même plan céleste que nous autres mortels.
Puis, vers la fin du film, il y a une tentative de revenir vers des enjeux dramatiques et un ton plus sérieux. Mais c'est juste pas possible en fait. C’est du cartoon depuis plus d'une heure, comment faire pour switcher soudainement vers le drame familial ? Soudain le métrage prend la tournure d’un pamphlet sur les tueries de masse dans les écoles américaines. Particularité américaine qui à la fin des années 1980 devient une tradition. Le jeune homme est ainsi montré lors de son procès, penaud et menotté, inspiré par l’imagerie des actualités de l’époque. Ce qui casse un peu l’ambiance d’un film qui était con, mais fun jusque-là.
En fait ‘’Prom Night III’’ donne un peu l’impression de ne pas être maîtrisé, et sa fragile cohérence ne tenant qu’à la chance, tellement les scènes et les situations sans réelle logique s’enchainent. Slasher, film de possession ou de zombie, avec une nature post-Evil Dead 2, remplit de catch phrase censées faire mouche, ‘’Prom Night III’’ est finalement une œuvre très représentative de son époque, avec son humour débile qui n’est pas encore dans le métamdernismes, ça se veut sincèrement drôle malgré la débilité environnante. C’est ringard pour de vrai, ce n’est pas du second degré. Ce qui rend le film encore plus hilarant…
Quid de cette séquence où un personnage se bat contre un Juke Box avec un lance flamme ? Ou bien Mary Lou qui se fait exploser la gueule avec une petite bonbonne de gaz glissée dans son décolleté ? Ce film c’est vraiment comme s’ils s’étaient dit ‘’Vas-y on met tout dedans, y’a bien un moment où ça va marcher !’’. Une science inexacte, qui se révèle quasi-payante, puisque c’est drôle à plus d’une reprise. C'est vraiment ringard, mais hilarant.
De plus, après le Disco dans le 1, la New Wave Dans le 2… voici le HAIR GLAM METAL au bal de fin d'année ! Haaa qu'elle époque ! Même si au générique de fin ils ont mis du HipHop… fuck la logique on vous a dit.
Branlé à l’arrache, découpé et monté par un manchot aveugle, avec des micros apparents, des acteurs à la ramasse et une mise en scène élaborée avec le cul, ‘’Prom Night III : The Last Kiss’’ c’est proprement hallucinant, il faut le voir pour le croire, tel un clou supplémentaire sur le cercueil du Slasher, un genre qui en 1990 est totalement en perdition. Pfiou…
-Stork._