Last Days... 20 years after
Van Sant a cette capacité de nous faire passer d'un état de lassitude à un état de transe. Physiquement, y'a pas de différences. De position assiso-avachie dans la chaise à une position avacho-assise dans la chaise. Ce qu'il faut se dire avant de regarder un film de Van Sant, c'est qu'il n'y aura pas d'éclats, pas de trucs fantasques et pas de couleurs vives.
Last Days, c'est peu ou prou les derniers jours de Kurt Cobain. Last Days c'est l'histoire de Blake, rock star déchue, ayant fui la désintox et cherchant une planque, qu'il trouve vraisemblablement dans une ancienne colocation. Ne le cachons pas, ça finit mal. Comme Cobain. Ne le cachons pas, y'a à peu près tous les éléments qui rentrent dans la case "Reprise de ce qu'à fait Cobain le jour de son suicide, les éléments qui ont fait la légende et tout ce qui gravite autour". Notamment la serre. Dont on a découvert les photos y'a pas longtemps. Et le fusil de chasse. Et le travestissement. Et la noirceur d'esprit. Bref, tout ce qui fait un bon Kurt a été retransmis assez fidèlement dans ce film. Sauf que Blake joue sur des guitares droitiers (alors qu'il écrit de la main gauche). Y'a que ça qui est confus, sinon, ça tient bien la route. Des chatons jusqu'au pull rayé en passant par les lunettes.
J'ai pas grand chose à dire sur le film en lui-même, en fait. Pas qu'il soit inintéressant, malgré quelques longueurs (pourquoi faire un plan d'une minute sur de la végétation qui bouge pas ?), mais... il est tellement... Ce film est un OVNI. Tellement étrange que j'arrive même pas à le situer dans le temps. Est-ce qu'on est en 94 ? En 2004 ? On le saura pas, on le saura jamais. Et c'est peut-être pas un mal, en fait. Le situer dans l'espace n'est pas foncièrement utile (si vous vous posez la question). La soundtrack est pas dégueue, même si, au premier abord (et quand j'avais 12 ans), je m'attendais à entendre au moins un morceau de Nirvana dans ce film. Elle s'en passe bien, et c'est pas un mal. Ça aurait trop chargé le truc, ça aurait pas été productif pour le film. Pour le coup, ça l'aurait vraiment figé en 94.
Anyway. Ce film est une tranche de vie, avec ses moments chiants, et d'autres qui sont un peu supérieurs. C'est d'autant plus une tranche de vie que ça relate les derniers jours de Cobain. Et je pense que j'ai réussi mon coup : regarder le biopic de Cobain le jour de la mort de Cobain, c'est béton.