Jusque là je n'avais vu Last action hero qu'une fois, quand j'étais ado, mais j'en avais gardé un souvenir très positif.
Je voulais le revoir depuis que je me suis mis à voir ou revoir un peu tous les films d'action cultes de Schwarzie et Stallone, il y a maintenant plusieurs mois. Le temps que je me procure le DVD, le film était devenu dans mon esprit le film d'action ultime que je verrais, et dans mes souvenirs, il surpassait effectivement les autres en étant un concentré parodique réussi.

Ce qui est plutôt fort, c'est que dès les premières images, Last action hero parvient à accumuler pleins de clichés parmi les plus saugrenus du cinéma d’action, mais avec une dose suffisante d’exagération pour faire comprendre qu’il s’agit d’une parodie, sans non plus tomber dans la lourdeur. Ce qui n’est pas aisé, car le ciné d’action des 80’s baigne déjà dans l’exagération. Le film parvient à ne pas être trop lourd en n’appuyant jamais vraiment sur le fait qu’il s’agit d’une parodie, par des procédés débiles comme on en a vu depuis dans Scary movie par exemple.
Par contre, quand on voit qu’il y a aussi de l’exagération dans le monde "réel" présenté par Last action hero, celui où vit le jeune Danny Madigan, ça n’a plus de sens. Les tags dans le cinéma, la salle complètement vide si on ne compte pas un SDF endormi, les rues de New York où l’on a l’impression qu’on se fait agresser toutes les 10 secondes, … Voilà le genre de choses que la parodie du film d’action ne peut justifier.
Déjà quand j’avais vu ce film la première fois, je n’avais pas aimé la scène d’agression de Danny, qui sort de nulle part (à peine ouvre-t-il la porte de chez lui qu’un cambrioleur rentre, non mais sans blagues !), et c’est une scène grave qui plombe un film au ton autrement très léger.
Il y a également cette scène où l’ouvreur, ayant donné rendez-vous à Danny à minuit pour voir le nouveau film de son héros Jack Slater, referme les portes du cinéma en s’écriant "ain’t we forgetting something ?!". Faut rappeler que ça se passe juste après la scène de l’agression, et on voit l’ouvreur en contrejour, ce qui fait de lui une figure sombre menaçante. C’est très glauque, alors que c’est censé être une scène où on dévoile à Danny quelque chose de magique : le ticket doré qui permet d’entrer dans la chocolaterie, euh… de passer dans les films. L’ouvreur lui raconte qu’il lui a été donné par Houdini, qui l’a reçu d’un type qui l’a eu grâce à un magicien tibétain ; l’ouvreur n’a jamais osé utiliser le ticket, par contre, il avait trop peur qu'il ne fonctionne pas. C’est du n’importe quoi complet, cette histoire.

Les scénaristes sont malgré tout doués pour disposer de façon amusante un peu tous les éléments récurrents qu’on peut remarquer dans les films d’action : le flic proche de la retraite, le fait que tout le monde meurt sauf le héros, etc. J’ai particulièrement apprécié le fait qu’on s’en prenne à ces scènes où le héros conduit sans regarder la route ; ici, c’est ce que fait Jack Slater, comme si de rien n’était, alors qu’on voit les autres véhicules sur la route déraper en arrière-plan.
De façon plus générale, le film se moque aussi de l’image glamour et factice d’Hollywood, que ce soit avec ce commissariat ultra-classe où l’on a des tenues fantaisistes, ou le fait que chaque figurante soit une bimbo.
Il y a également des références non pas à des poncifs mais des films précis : Terminator 1, Terminator 2 avec la présence de Robert Patrick en policier, et Basic instinct, avec carrément Sharon Stone en Catherine Tramell ; on la voit d’ailleurs si vite que je n’ai même pas vu que c’était vraiment elle, mais ai cru qu'il s'agissait d'un vague sosie. On peut s’amuser en repérant tous les caméos (on a notamment 5 secondes de Tina Turner en mairesse, allez savoir pourquoi).
Mais Last action hero a aussi ses propres idées originales, permises dans le contexte de la parodie, comme avec ce décompte de la bombe un peu particulier, en début de film.
Etant donné cet aspect comique qui prédomine, c’est inattendu de voir qu’à un moment on traite Slater de façon dramatique, on le voit comme un flic accablé par cette vie d’aventures dingues, et on apprend qu’en réalité son ex ne l’appelle jamais, contrairement à ce qu’il fait croire, et qu’il aimerait que sa fille soit une ado normale et non comme lui. Ca fait très bizarre, cette facette du personnage n’est qu’à peine traitée, et Last action hero aurait dû s’en tenir à un seul type de parodie : soit adopter les clichés du genre et les tourner en dérision, soit prendre le contrepied du héros d’action habituel, mais pas chercher à mêler les deux, car ce n’est plus cohérent sinon.

Une superbe idée des scénaristes, c’est de ne pas en rester à l’introduction d’un personnage du monde réel dans celui fictif, mais aussi faire l’inverse, ainsi Schwarzenegger reproduit des situations qu’il a déjà vécues dans d’autres films, mais replacées dans un contexte "réaliste".
L’ennemi de Slater se rend lui aussi dans le monde réel, et se rend compte… qu’il peut tuer en pleine rue impunément. Oui, car apparemment, c’est comme ça que ça se passe dans la vraie vie. C’est complètement idiot.
D’ailleurs le film est pleins de scènes sans aucun sens, que même la parodie ne peut expliquer : le personnage de cartoon et le rabbin qui font partie des forces de l’ordre… wtf ? D’où ça sort ? Et Danny qui essaye de foncer vers la voiture des ennemis sur son vélo… c’est n’importe quoi.
Comme me l'a fait remarquer un ami fan de Schwarzie, le fait que le film soit PG-13 et ainsi destiné à un jeune public peut expliquer l'humour un peu bête et ces incohérences, mais tout de même...
Même concernant les scènes d’action, le film ne satisfait pas pleinement, il n’y a que celle avec l’hélico qui est un peu impressionnante. Et si Arnold livre quelques répliques amusantes, un grand nombre d’entre elles sont décevantes, tel ce "do not give up your day job", que l’acteur balance comme si c’était une réplique qui tue tandis qu’il saisit le fusil d’un ennemi, alors qu’il n’y a rien de drôle là-dedans.
Un autre gâchis : la BO réunit de grands noms, comme Megadeth, Aerosmith, Alice in chains, et AC/DC qui a fait un morceau sympa pour l'occasion, mais les chansons sont très mal exploitées.
Le meilleur moment du film doit être la séquence vers le début où Schwarzenegger joue Hamlet. C’est inoubliable.
Mais par la suite, Last action hero m’a vraiment déçu par rapport aux souvenirs que j’en avais. Et je dois dire que je me suis même ennuyé par moments, sur les 2h de métrage.
Le film est original et a beaucoup de qualités, mais aussi beaucoup trop de défauts.
Fry3000
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le 13 oct. 2013

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Wykydtron IV

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