Lancelot et son épée

Cornel Wilde se dirige et s'auto-produit dans cette tentative adroite mais un peu fade de récit fidèle et réaliste de la légende arthurienne.

En effet, Lancelot, chevalier breton (de France), sert à la court d'Arthur, roi de toute la Bretagne (anglaise).
Il est chargé par celui-ci d'être son champion dans le défit lancé par le roi de Carmélide, père de Guenièvre qu'Arthur vient de demander en mariage.
Comme il se doit, Lancelot l'emporte et par la même occasion le coeur de la belle Guenièvre.
Cet amour déloyal les mènera à leur perte ainsi que le royaume rêvé d'Arthur.

Wilde présente ici une intéressante vision du haut moyen âge, entre la fin de l'ère romaine et le début du monde anglo-saxon chrétien.
Par exemple, Merlin n'est pas ici un sorcier mais un homme de connaissance qui a rapporté le savon d'orient.
Dans un souci évident de réalisme, il choisit une palette de tons sourds et un peu ternes sauf pour les tenues de Guenièvre qui a droit à du lamé moulant (c'est un peu dommage, elle détonne stylistiquement).
La réalisation est honorable mais manque un peu de souffle épique.
Mon gros problème vient du casting qui a largement dépassé la trentaine, pour ne pas dire la quarantaine.
En effet, si le roi est plus âgé, Guenièvre et Lancelot sont sensés être des jeunes gens.
Ce sont cependant de bons acteurs. Cornel Wilde a ses défauts et ses qualités mais l'accent français qu'il s'oblige à prendre, outre d'être ridicule et anachronique, plombe son élocution.
Jean Wallace est une belle Guenièvre, plus volontaire que dans d'autres versions, plus instigatrice que victime.

Le film s'attache à couvrir la totalité de l'histoire jusqu'à la mort d'Arthur et la pénitence à vie des 2 amants sur un ton qui tente d'éviter le kitch qui est souvent de mise et y arrive plus souvent qu'on ne s'y attend au début.
Le point de vue est intéressant et sincère.