L'existence de cette œuvre filmique est d'une importance capitale, de par ses temps troubles, elle est encore plus. Le cas de l'illustrateur Louis Wain (Benedict Cumberbatch) doit être une inspiration que nous nous devons d'appliquer à notre vie quotidienne. Loin de dire qu'il faille forcément être artiste pour se sublimer, l'acte créatif, sous n'importe quelle forme demeure une échappatoire et à ce pouvoir unique de rallier n'importe quel individu à l'humanité toute entière. 


C'est ce qu'a tenté de faire le dessinateur britannique en son temps ! Égayer les cœurs, dessiner des sourires sur les visages tristes de ses confrères et consœurs plus ou moins gangrenées par une société où les mœurs de leur siècle étaient contagieuses comme la tuberculose. Envers et contre tout, le protagoniste s'est détaché de la malsanité de ses "principes" en se mariant à sa gouvernante Emily Richardson (Claire Foy) inférieure socialement, prestigieuse dans le cœur. 
Dans ce scénario bien cousu nous suivons le parcours d'un homme illustre donc que l'existence n'a pour ainsi dire pas gracié. Moqué, réprimandé, pressé par ses impératifs familiaux et les dettes accumulés, sans parler de la perte précoce de la femme de sa vie... Les obstacles n'ont pas manqué d'asséner à son âme de vives fêlures embaumé voir consoler par son travail, incicatrisable cependant.


Les pertes subies et le contexte de l'époque, n'exposait guère peu la beauté comme le soutenait la tendre femme aimée. Ce qui n'empêchait pas le courageux britannique de poursuivre ses anthropomorphes inventions qui, de par leur nombre, finirent par créer "Tout un univers de chats" déclarait H.G Wells, l'éminent auteur. 


Le film dans sa romance et son drame n'a de cesse de nous transfigurer l'espoir, la beauté de la nature et de ses animaux régentés par les chats. Certaines scènes sont d'ailleurs remarquables car elles prennent l'aspect d'une toile peinte à l'huile, la forme du croquis changé en un dessin aux couleurs foisonnantes. 


Les interprétations sont riches et touchantes et l'acteur principal nous prouve une fois de plus qu'il peut absolument tout jouer. Sa nomination aux oscars cette année ne pouvait donc que m'enthousiasmer davantage.  


La direction artistique menée par Thalia Ecclestone et Caroline Barclay, les décors orchestrés, quant à eux, par Suzie Davis forment tous ensemble la téléportation temporelle de chaque spectateur. Dans cette histoire filmique c'est le quotidien d'antan qui nous est exposé. Chaque pays ayant certes sa propre culture, les hommes et les femmes eux possèdent une nature éloignée de la nôtre de par le conditionnement social et éducatif de l'époque proposée. Nous pouvons également observer que le qu'en-dira-t 'on est un bourreau qui tient l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque membre d'une famille et d'un ménage. Dans le cas de l'amour, il est banni des normes s'il ne correspond au modèle du temps. Assumer son authenticité rime forcément avec prix à payer. Tout comme les unions mixtes au États-Unis, à titre d'exemple. 


Faire le bien dans le monde est un devoir qui appartient à tout à chacun. Choisir la joie pour tromper l'âpreté récurrente des réalités, voilà ce que cette histoire nous invite à faire ou du moins constater. Dans celle-ci d'ailleurs il est fait mention que le peintre moustachu utilisait sa douleur pour enfanter de nouvelles petites fresques picturales. Créateur ou non, n'est-ce pas dans les moments où nous sommes le plus violemment frappé, le plus enfoncé contre un mur que nos chakras se libèrent au mieux ? Que notre volonté éclate au grand jour ?  En considérant cette dernière et nécessaire constante sommes nous dans la capacité de contribuer, d'apporter notre pierre à l'édifice ? J'en suis persuadé.


Le travail artistique en plus d'être un repos, écrivait Balzac, est une nécessité qui, sans elle, n'est qu'un feu d'artifice qui éblouit un instant mais dont il ne reste rien, énonçait à son tour feu Roger Martin du Gard dans sa suite romanesque "Les Thibault". 


Que ce récit cinématographique inspiré de faits réels nous serve d'exemple en tout cas, en gravant dans nos souvenirs cette phrase, changée en aphorisme, cité par le génie de Londres qui du haut de son estrade scandait "Nous sommes tous corrompus par une mauvaise électricité, et seul le travail des êtres dotés du pouvoir transformateur peut la vaincre. Sans cela nous sommes une espèce déchue, sans avenir, un animal à l'instinct destructeur". Sans savoir si le véritable Louis Wain a dit un jour cela, cette phrase résume à elle seule l'odyssée, nécessaire, que n'importe quel être humain se doit d'entreprendre, ne serait-ce que pour lui-même. 

Tarek437
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le 10 mars 2022

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