Même à la guerre, comme la vie est belle...

Critique rédigée collectivement dans le cadre de l'épreuve de TPE session 2017-2018



Freud : L'aspect défensif de l'humour consiste en ceci: il épargne à
la personne en difficulté les affects douloureux que sa situation
devrait entraîner, et permet, grâce à la plaisanterie, d'éviter
jusqu'à l'expression de ces affects, c'est-à-dire des plaintes qui
seraient justifiées.



Nous pouvons donc nous demander comment certains cinéastes, dans l'évocation de la Seconde Guerre Mondiale, font franchir aux spectateurs la frontière entre un contexte historique tragique et son traitement cinématographique sous le mode de la comédie. Pour cela, nous allons étudier quatre films : La vie est belle de Roberto Benigni (1997), Le Dictateur de Charlie Chaplin (1940), To be or not to be d'Ernest Lubitsch (1942) et La Grande Vadrouille de Gérard Oury (1966).


La vie est belle se découpe en deux parties: la première, comique, se déroule en 1938 et raconte l'histoire de Guido Orefice, un jeune italien qui tombe amoureux de Dora et qui fait tout pour la conquérir. Ils finissent par se marier et ont un enfant, Giosué. La deuxième partie, sur un fond beaucoup plus triste, commence quand un jour, en rentrant chez eux, Dora ne trouve ni son mari ni son fils, qui se sont tous les deux fait déporter. Elle décide de les suivre dans le train par amour.


Le mélange du tragique du contexte et du comique de Roberto Benigni crée une sorte de sentiment d'entre-deux, de malaise. Voir Benigni se débattre avec ses explications apporte presque une dimension pathétique.


La première partie se présente comme une fable. En effet, lors de la rencontre entre Guido et Dora, le jeune homme se présente comme le "prince Guido" et appelle son amour "princesse". Mais comme dans toutes les fables, les deux personnages doivent surmonter différentes épreuves; celle du "méchant" qui, ici, est le fiancé de Dora, ainsi que leurs différences sociales: Dora est issue d'une famille riche et fasciste, et Guido est un "pauvre juif". Lors du mariage de Dora, scène digne d'un conte de fée, Guido la libère de son amant. De cette alliance naîtra Giosué ; le bonheur de cette famille semble tout à fait réel dans la première partie du film. Effectivement, nous pouvons presque conclure la fin de cette partie par le "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...". La première partie appâte le spectateur et le fait rentrer dans l'histoire.


L'antisémitisme est décrédibilisé avec le cheval "juif" et l'invité au mariage faisant un salut nazi à l'arrivée du "gâteau autruche".


Le comique est principalement représenté par le personnage de Roberto Benigni qui a un comique de geste très fort et qui est le personnage que l'on suit tout le long du film, qui amène le comique dans la seconde partie.


Aussi, il y a de nombreux running gags, comme le vol de chapeau et le lancement de clés.


Le tragique est principalement amené par le contexte, et par les situations: la disparition des amis de Benigni et les conditions de travail (forcé), notamment, et surtout, la mort de Benigni tué par un nazi quelques heures avant la libération, à la fin du film.


"On ne rit pas que dans des situations comiques" : après la Seconde Guerre Mondiale, des soldats ont raconté qu'ils riaient à chaque fois qu'une bombe tombait près de leur abri ! De plus, le professeur Rod Martin a conclu en 1996 que d'envisager la vie avec humour aurait des conséquences bénéfiques sur la santé psychologique et émotive.

Créée

le 18 déc. 2020

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