La vie rêvée des anges

Les anges, évidemment, ce sont les personnages, les merveilleux personnages de Frank Capra.
George Bailey d'abord, si bien incarné par James Stewart qu'on a du mal à imaginer un autre visage que le sien pour figurer avec autant de force les tourments du désespoir que la joie enfantine qu'il exprime en embrassant le policier à la toute fin de l'histoire. George, cet ange de gentillesse qui a fait le bien partout autour de lui en quelque sorte "à l'insu de son plein gré". Un archétype du héros Capraesque qui donne tout son sens à cette maxime selon laquelle seul désintéressé est le véritable altruisme. Et de fait, notre George Bailey ignore tout du bien qu'il a semé autour de lui. Et c'est ce qui fait la dimension dramatique de ce personnage : il est au fond du trou là où il devrait se sentir pousser des ailes. Tout l'art de son ange gardien, Clarence, consistant dès lors à faire passer George d'un état d'aveuglement aussi injuste que mortifère à une prise de conscience de la part qu'il a jouée dans le bonheur des autres.
Mais n'oublions pas les autres persona(n)ges : Dona Reed qui conjugue grâce et courage aux côtés de Bailey et, comme souvent chez Capra, toute une galerie de rôles dits "secondaires" mais hauts en couleur : Onc' Billy, "MA" Bailey, Bert, Violet Bick... Des personnages comme on ne sait plus en faire aujourd'hui, petits anges de l'ombre qui nous accompagnent dans nos mémoires de cinéphiles plus longtemps parfois que les séraphins les plus célèbres.

Voir ou revoir une comédie de Capra, celle-ci comme une autre, c'est en quelque sorte recevoir soi-même une claque de bonheur, un coup de pied au cul bénéfique, un uppercut qui remet les idées en place. Comme George Bailey remis sur pieds par la vision que Clarence lui offre, tout un chacun d'entre nous, pour un peu qu'il ait un coup de mou, se devrait de revoir La vie est Belle.
Et de se faire rembourser le DVD par la Sécu :)

Personnages/Interprétation : 9/10
Histoire/scénario : 7/10
Réalisation/mise en scène : 9/10

8.5/10