Au lycée, quand on aborde l'art de la première moitié du XXe siècle et plus particulièrement le surréalisme, si tant est qu'on ait un professeur un tantinet cinéphile, on ne passe pas à côté du visionnage d'Un Chien Andalou. C'est généralement à partir de ce film qu'on se fait une représentation de l'oeuvre de Bunuel. La Vie d'Archibald de la Cruz casse complètement avec cette idée toute faite.

"Mais... mais c'est... normal ?!?" me suis-je mise à penser à la fin du film. Pas d'oeil lacéré à la lame de rasoir (objet que l'on retrouve ici ceci étant dit), pas de vache dans un lit, juste un homme qui a une terrible propension à voir mourir les femmes qu'il côtoie depuis qu'il a entendu, enfant, la légende de la boîte à musique familiale qui causerait la mort des personnes que l'on fixe du regard (la nourrice d'Archie pourra en témoigner). Le fantasme et la réalité se confondent bel et bien, mais dans l'esprit d'un seul et unique personnage, Archibald de la Cruz.

Et c'est rendu à la perfection par l'image et le son. Les délires meurtriers de de la Cruz sont toujours sublimes à voir. La scène de la première rencontre de Lavinia entourée par les flammes de la lampe à côté d'elle ou bien celle du meurtre de Patricia dans un noir aussi sombre que sa tenue provocante baignent dans une irréalité dont on se plaît à croire qu'elle est vraie. Mais c'est surtout la musique qui fait tout le charme de La Vie Criminelle d'Archibald de la Cruz. Pourtant, l'ambiance musicale n'est pas extrêmement complexe : une seule mélodie, celle de la boîte à musique meurtrière. Mais ses variations nous racontent l'histoire. Dissonante, elle symbolise la folie sanguinaire du personnage principal qui l'isole des autres protagonistes ; orchestrale, elle incarne la libération.

Pour un film traitant de la folie, La Vie Criminelle d'Archibald de la Cruz est relativement sage. Mais finalement, c'est peut-être mieux comme ça.
Nolwenn-Allison
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le 16 juil. 2014

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