Incroyable de constater qu'aucun des admirateurs de ce film (et on dirait bien qu'il n'y a que çà sur ce site) n'ait souligné la morale nauséabonde qui le sous tend : l'héroïne a péché, elle devra payer. Pire encore, elle appliquera elle même la sentence car on ne peut impunément bafouer l'honneur de la haute société, l'honneur de son homme, ni celui de son régiment...
Une morale archaïque et doloriste, voire masochiste, une histoire coupée de son contexte social et historique (rien sur les horreurs de la guerre, rien sur les bouleversements sociaux de l'époque), seule compte une histoire d'amour surannée et sa morale rance .
On est très loin de la justesse et de l'émotion de '' Le temps d'aimer et le temps de mourir '' du roi du mélo Douglas Sirk.
A part çà, c'est plutôt bien réalisé, avec quand même plus de savoir faire que de génie par Mervin Le Roy (artisan plutôt qu'artiste, et sans grand univers personnel).
L'interprétation de Robert Taylor est (comme souvent) insipide, à l'image de son personnage, à l'enthousiasme adolescent fatigant, lui qui n'a rien à dire de la Grande Boucherie Européenne, qui visiblement le marque moins que ses amours de midinette.
Il est par ailleurs très peu crédible en noble anglais, ce qui est finalement peu surprenant tant il est loin, si l'on considère sa filmographie, des sommets d'Hollywood
Quant à Vivian Leigh, elle s'en tire plutôt bien même si on peut la préférer en Scarlett, garce décidée à survivre à toutes les épreuves et quelque soit le prix à payer au milieu d'une autre guerre, dans un rôle autrement plus abouti que celui-là
Au moins là, la morale, ou son absence, est claire.


PS : je voudrais également profiter de cette critique pour essayer de tordre le cou à un poncif utilisé régulièrement dans les critiques de ce genre de films et d'histoires : il n'y a rien de ROMANTIQUE là dedans. Le romantisme est un mouvement artistique tourmenté, engagé, désespéré. Ce que certains nomment romantisme dans ce type d'histoire relève en fait de la mièvrerie holywoodienne de l'époque et d'un sentimentalisme gnan-gnan déconnecté de toute réalité.
C'est le cas dans ce film, qui de plus y ajoute un moralisme suranné et hypocrite, très américain et fort éloigné des émotions, parfois proche du nihilisme du Romantisme historique.

Melenkurion
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le 3 déc. 2018

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