Une fin de cycle qui tombe mal

Rowena , une jeune anglaise blonde et romantique, tombe amoureuse du charmant Verden Fell, un médecin sombre, triste et tourmenté. Après son mariage elle se rend compte que Verden, qui ne partage pas son lit, disparaît mystérieusement chaque nuit. Dans un environnement hostile, harcelée par un abominable chat noir et en proie à des cauchemars affreux, elle va ressentir une présence de plus en plus hostile qui semble habiter la demeure et le cimetière de l'abbaye. Ne serait-ce pas le fantôme de Ligeia, l'ex-femme de Verden Fell enterrée récemment?

Roger Corman adapte une nouvelle d'Edgar Allan Poe dont il ne conserve comme à chaque fois que l'atmosphère gothique. Il recycle une partie de la trame du Corbeau où un docteur était inconsolable de la mort supposée de la femme qu'il adorait.

Comme souvent avec Roger Corman le film repose essentiellement sur les épaules de Vincent Price qui joue Verden Fell. Price fait le boulot, dans son registre habituel mais sans humour, et semble par moments livré à lui-même, comme si le metteur en scène Roger Corman s'était plié aux exigences du producteur Corman Roger pour traiter l'histoire. L'atmosphère est beaucoup moins baroque et flamboyante que pour le Corbeau ou le Masque de la Mort Rouge et le décor le plus mémorable est celui d'une abbaye en ruines dans le Norfolk, plus économique à filmer que la construction de décors complexes. Dans un but d'économie, l'actrice qui joue Rowena n'est pas très connue et le scénario de la nouvelle offre l'avantage non négligeable de pouvoir se passer du cachet d'une deuxième actrice pour jouer le rôle de la brune Ligeia.

Film qui marque la fin du cycle Edgar Allan Poe de Corman, trop inspiré par Rebecca de Hitchcock pour que ce soit dû au seul hasard, La Tombe de Ligeia se laisse voir mais l'alternance finale trop rapide des personnages de blonde et de brune, Rowena devenant Ligeia et vice-versa, a rendu la fin incompréhensible pour moi, mais je dois être un peu trop rationnel pour pouvoir apprécier les subtilités psychologiques et la beauté sombre de cette œuvre gothique.