Attention, cette critique contient quelques spoilers.


James Garrick, propriétaire d'un petit studio de cinéma à Londres, vient de finir le tournage d'un film basé sur l'histoire de sa famille. Ces descendants seraient responsables de la mort d'une sorcière, brûlée vive. Depuis ces faits, tous les membres de la famille Garrick sont morts dans de dramatiques circonstances.
Toutefois, aucun proche de James ne le croit jusqu'au meurtre sanglant d'une des actrices vedettes, lors d'une soirée mondaine censée présenter le film.


A une époque où le succès de la Hammer commençait à décliner, Norman Warren débuta une courte carrière outre-Manche (environ une décennie) durant laquelle il signa quelques films de genre (re)découverts sur le tard en France, grâce au marché du DVD. Terror, son second film, n'a aucun rapport avec son titre français. Pas de mort-vivant au programme de cette histoire de sorcellerie flirtant davantage vers le giallo. Le côté confus résume le mieux à la fois ce film et la carrière de Warren.


Après un prologue digne des classiques de la Hammer, Warren resitue son propos de nos jours, dans le milieu du Septième Art. A l'instar du fantastique anglais à la fin des seventies, le héros du film est à la tête d'une entreprise moyennement florissante, dont les tournages érotiques permettent de boucler les fins de mois.
Cette nostalgie d'un certain âge d'or de la part du cinéaste est toutefois tronquée par la volonté chez Warren de mettre en exergue des effets sanglants plutôt ratés.
Le premier meurtre en est la parfaite illustration. On regrette d'ailleurs que la si jolie Glynis Barber (revue ensuite dans la série policière Mission Casse-Cou) soit sacrifiée si tôt dans la Terreur des Morts-Vivants. Cette séquence, agrémentée d'une excellente musique d'Ivor Slaney, est plutôt réussie, mais pêche dans sa finition. Malgré des jeux de caméra tendant à masquer les coups de couteau, le souhait de rendre l'ensemble le plus sanguinolent possible nuit à la crédibilité du métrage.


Les crimes suivants baignent dans une ambiance digne d'un giallo. Populaire depuis quelques années en Europe avec les premiers films d'Argento (sa trilogie animale) et certains Bava, le giallo a visiblement bien inspiré Warren. La bande originale de Slaney, avec une suprématie des synthétiseurs, pourrait en tout cas illustrer à merveille ce sous-genre italien, tandis que les jeux de couleurs durant la scène dans le studio de cinéma ou certains jeux de lumière évoquent encore avec force cette attrait de Warren pour ce cinéma transalpin.
Warren se débrouillant plutôt bien avec la direction d'acteurs et offrant même quelques scènes assez drôles (celle du tournage coquin, par exemple), on suit avec attention cette série de meurtres jusqu'à un derniers tiers de film assez surprenant.


En effet, signant jusqu'ici un thriller sanglant plutôt sympathique, Warren termine son métrage par une série d'événements surnaturels sans lien aucun avec les premiers crimes, et surtout confondants de ridicule. Les équipements de cinéma prenant vie dans le studio intriguaient déjà beaucoup ! Mais la voiture grimpant dans les arbres, cela ressemble plus à la Coccinelle de Disney qu'à Christine (même si cette scène a peut être inspiré à Stephen King son célèbre roman).
L'épilogue, légèrement expédié par le cinéaste, laisse une impression de gâchis bien désagréable, surtout qu'il s'agit de la dernière avant le générique de fin.


Le côté confus résume donc le mieux à la fois ce film et la carrière de Warren, dont la réputation n'a rien de grandiloquent.
Toutefois, restons indulgents avec Terror, dont le budget réduit n'autorisait pas forcément des effets spéciaux révolutionnaires. En outre, la mise en scène est soignée et l'on retouve par moments une ambiance et une esthétique chères aux grandes heures d'un cinéma fantastique britannique dont la Terreur des Morts-Vivants, à défaut d'en être un illustre représentant, se laissera découvrir avec plaisir par les inconditionnels de l'époque.

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le 10 nov. 2019

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