Il va falloir que le cinéma arrête, ou que j'arrête le cinéma. Ca va forcément être l'un des deux. Et comme je suis plutôt attachée à mon pass illimité, je vous le dis franchement, je préfèrerais que ce soit le cinéma qui arrête. Surtout quand je trouve enfin une programmation plus enthousiasmante que la semaine dernière.


Je m'explique. La réalisation est ok. Sans faire d'étincelle, rien ne choque, rien ne grince. Les acteurs sont plutôt convaincants et la VO nous permet de profiter des accents britanniques, américains, espagnols et allemands. Et moi, j'aime bien la diversité linguistique.


Maintenant qu'on a fait le tour de ce qui va, parlons de ce qui ne va pas. Et qui ne va même pas DU TOUT DU TOUT.
La Ruse nous parle de l'opération de contre-espionnage qui est sans doute la plus connue de toute la Seconde Guerre Mondiale. L'opération qui a permis d'effectuer un premier débarquement sur des côtes ennemies, en conditions réelles, mais à échelle réduite.
Et bien le film passe complètement à côté de son sujet principal pour nous raconter une histoire d'amour impossible parfaitement inintéressante. MERDE c'est la GUERRE, les gens MEURENT et Londres ressemble à ça?! On peut sortir s'enjailler dans les bars sans problèmes, de rationnement il n'est point question et la ville n'a jamais été bombardée. Soit, la vie à Londres n'est pas le sujet du film mais zut, est-ce que c'est si terrible que ça de bosser son contexte quand son film est tellement réaliste que c'est carrément historique PUTAIN?!


Oui, je sens bien que je m'énerve. Mais croyez-moi, je fais des efforts pour me contrôler. Et comprenez-moi: à trop hurler à la véracité historique, les réalisateurs adeptes de l'histo-tainement réveille la pinailleuse qui sommeille en moi!


Donc deux hommes qui ne se connaissent pas rejoignent le Comité XX et proposent une idée audacieuse pour faire croire à Hitler que les Alliés vont aborder la Grèce et non les côtes siciliennes. La mise en scène donne l'impression qu'il s'agit d'une épiphanie, contre laquelle EVIDEMMENT tous les généraux se dressent sauf Churchill, stature de monstre sacré oblige.
Ensuite, là où on s'attendait à une heure de planification, émaillée de ratés et d'erreurs, on a juste une succession de plans qui marchent. Tout va bien. Chaque solution est mise en place avant même que le problème soit soulevé!


Du coup forcément, on ne salue pas l'intelligence des personnages, hein. Vu que tout est si facile, tout le monde aurait pu le faire!


Je passe sur les séquences de dragouille sans intérêt pour sauter directement à la fin du film (oui parce qu'il ne se passe malheureusement rien d'autre que l'enchaînement plan-romance-plan-romance-romance-plan). A la fin, donc, tout va mal pendant l'opération. Certaines péripéties romancées (le légiste local décédé, remplacé au pied levé par un grand spécialiste) s'insèrent bien, d'autres en revanche sont assez incompréhensible (le contre-espion adepte de la masturbation sur banc public, c'est QUOI ce TRUC?). Et puis en fait, ça va. Je vous garantis, c'est tellement plat et mal amené que ça fait vraiment cet effet dans le film: aïe Aïe... AI... ha non en fait c'est bon.


Finalement, on a droit à une séquence de montée du stress en attendant le débarquement (bien sûr, on n'a pas réussi à savoir si l'opération était un succès avant d'envoyer les hommes au front; et bien sûr Colin Firth est le dernier espoir de l'humanité... pitié!).
Donc si vous avez deux neurones et demi, vous serez sans doute dans le même état que moi à ce moment-là du film: "moui, d'accord film mais je sais que le plan est une réussite, alors est-ce que tu veux bien ARRETER".


Et voilà comment Hollywood, en ajoutant des romances sans intérêt et en évitant soigneusement de traiter son sujet (quoi, c'était trop complexe pour nos petits cerveaux?), fait de cette histoire incroyable mais vraie une histoire incroyablement plate.


Je ne parlerai même pas des références trop nombreuses à Ian Flemming (clin d'oeil), du frère communiste inutile, ou encore du grand manitou qui fait office de méchant sans l'être tant tout ceci ne SERT A RIEN. Bon, ok, du coup j'en ai un peu parlé.


Je retiendrai quand même la séquence de la lettre écrite par la secrétaire. Secrétaire absolument parfaite dans son rôle et qui aurait pu (aurait dû) donner l'impulsion à la suite du film et envoyer un message clair: mettez vos égos de côté et oubliez vos amourettes les gars, des gens MEURENT.
Sur ce, à la semaine prochaine!

Diégétique
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le 28 avr. 2022

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