Alors que Chris, caissier et peintre amateur, mène une vie sans histoire, il va la voir basculer lorsqu'il croisera la route de Kitty, qu'il pense sauver de l'agression et va en tomber totalement amoureux...


Une année après La Femme au Portrait, Fritz Lang retrouve le même trio d'acteurs pour cette adaptation du roman La Chienne (que Renoir avait déjà mis en scène). Il met assez vite ce trio en place, où l'on y trouve la femme fatale dont la beauté écrase tout sur son passage, le salaud et l'homme sans histoire, un peu naïf et surtout amoureux. Lang met en scène la folie et surtout la passion destructrice, l'amour rendant aveugle et capable de pousser n'importe quel homme aux actes les plus destructeurs, que ce soit pour lui-même ou son entourage.


Alors c'est dommage que La Rue Rouge peine à trouver sa propre atmosphère, manquant de noirceurs alors que le sujet s'y prêtait et s'éloignant d'un côté réaliste dû à un traitement un peu trop rapide des enjeux importants où le scénario contient quelques facilités peu probables, notamment dû aux agissements des uns et des autres. Si c'est dommage, ce n'est pas non plus préjudiciable pour apprécier ce modèle de film noir, alors en vogue à Hollywood à l'époque. On y retrouve plusieurs éléments dont la majorité reste bien traitée par Lang.


Le metteur en scène de Metropolis démontre toujours une réelle maîtrise, sachant mettre en place du rythme et de la tension lors des moments adéquats et il nous faire ressentir diverses émotions pour les protagonistes, allant du dégoût à la fascination en passant par la pitié. Il bouscule les morales et dresse un portrait pessimiste et sombre de la nature humaine à travers les trois protagonistes. Comme dans La Femme au portrait, il dirige admirablement ses acteurs que ce soit Robinson qui va peu à peu tomber dans une spirale cauchemardesque, Dan Duryea en salaud charismatique mais surtout la magnifique Joan Bennett. Bénéficiant d'une belle photographie en noir et blanc, il montre son savoir-faire derrière la caméra, sachant sublimer ses personnages et thèmes.


Moins puissant et fort que La Femme au portrait, Lang démontre tout de même une réelle maîtrise de sa caméra et des thématiques, sachant mettre en avant la faiblesse de l'homme et le pouvoir destructeur de la passion et de l'amour.

Docteur_Jivago
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Sélection de quelques films noirs, Fritz Lang - L'expressionniste, Mes Années 1940 au cinéma, Plongée dans les polars américains et Ma Filmothèque

Créée

le 29 mai 2015

Critique lue 1K fois

35 j'aime

7 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1K fois

35
7

D'autres avis sur La Rue rouge

La Rue rouge
Electron
9

Scarlet street

Quelques mois après la réussite de « La femme au portrait » Fritz Lang tourne « La rue rouge » avec le même couple d’acteurs-vedettes et une histoire qui s’intéresse à nouveau à la peinture (le...

le 24 nov. 2012

25 j'aime

38

La Rue rouge
chtimixeur
7

La chienne au portrait

Petit caissier discret et sans histoires, Christopher Cross a une vie peu palpitante. Il n'a jamais eu de succès avec les filles, il n'a pas de caractère, et sa mégère de femme lui mène la vie dure...

le 21 mars 2012

13 j'aime

1

La Rue rouge
KingRabbit
4

Pourquoi les films noirs sont-ils si décevants ?

Il y a environ 4 ans, je découvrais le chef d'oeuvre "Le grand chantage" de Mckendrick, qui me réconciliait très temporairement avec le genre du film noir qui réunit en théorie tous les ingrédients...

le 24 févr. 2019

9 j'aime

7

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34