Avec La Raison Du Plus Faible, Lucas Belvaux signe sans doute son film le plus marquant, le plus fataliste et sans doute le plus désespérant et désespéré. Nous sommes dans la banlieue de Liège et suivons un groupe d'amis qui semblent venir d'horizons différents mais que le chômage a réuni. Marc s'immisce peu à peu dans le groupe, lui travaille, lui est un ex-taulard arrêté pour vols à main armée, lui a juré qu'il ne retournerait pas en prison.

Le quotidien est monotone, rythmé par les parties de cartes au bistrot du quartier, rythmé par la peur permanente du lendemain qui vient frapper lorsqu'une mobylette tombe en panne et qu'en racheter une d'occasion semble un obstacle infranchissable, rythmé par les discussions sur l'injustice de leurs situations et de cette société qui reproduit sans cesse les mêmes modèles. Belvaux nous donne à voir des gens que le chômage tente de mettre au ban de la société mais qui luttent de toutes leurs forces pour conserver leur dignité par une solidarité sans faille.

Dignité qu'ils commencent à perdre lorsque leur vient l'idée d'entraîner Marc à les accompagner dans un nouveau braquage, celui-ci pose alors ses conditions, lesquelles ne seront pas respecter. Marc laisse alors tomber ses complices qui décident de continuer sans lui, on sait alors que cela va mal tourner, forcément. Il suffit de les voir, pendant leur préparation, jouer aux gendarmes et aux voleurs avec les pistolets qu'ils se sont procuré pour comprendre qu'ils n'ont pas la moindre idée de ce qu'ils sont sur le point de faire, sans compter que cela prouve qu'ils ne sont absolument pas prêts.

La caméra de Belvaux est implacable, la mise en scène tout aussi efficace, l'histoire est menée sans superflu, Belvaux nous emmène d'un point à un autre sans tenir compte de nos états d'âme, pour finir sur une fin tragique qui n'est pas forcément celle qu'on imagine. J'ai beaucoup repensé à l'exceptionnel Deux Hommes Dans La Ville où Delon joue un ex-taulard qui s'est juré de ne pas replongé et qui, comme Marc, finira par tombé sans rien y pouvoir.

Quand je vous dis que ce film est fataliste...
Jambalaya
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le 20 nov. 2012

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