La Planète des Singes est une des sagas les plus intéressantes et complexes qu’Hollywood ait produit ces 20 dernières années. La qualité de la dernière trilogie portée par Andy Serkis justifiait pleinement ce prequel en forme de reboot au film culte avec Charlton Heston. Elle reprenait avec pertinence le message politique du roman de Pierre Boule qui avait inspiré l’original, en le modernisant. Ruppert Wyatt (Les Origines) puis Matt Reeves (L’Affrontement, Suprématie) ont réalisé des films inquiets reflétant les errances morales de notre propre monde et théorisant la capacité des humains à consciencieusement construire leur propre perte.

Le Nouveau Royaume, suite lointaine à Suprématie, traite principalement de l’héritage de César, l’ancien leader de la révolte simiesque mort il y a des générations désormais, et comment ce monde maintenant dominé par les primates va choisir de l’honorer ou de le pervertir.

Ce nouvel opus est en cela moins conscient que l’original et que la trilogie, il est plus terre à terre. Il prend la forme d’un récit initiatique qui suit le jeune Noa dans un périple pour retrouver ses proches enlevés par Proximus, le chef d’une tribu tyrannique au service d’un maître se réclamant de César et empruntant son nom.

Le Nouveau Royaume traite de l’autoritarisme et du fascisme, ou comment une minorité peut détourner des symboles de liberté et en faire des outils de domination. C’est finalement assez classique, et l’intérêt réside plus concrètement dans l’action et dans la quête de Noa pour retrouver et libérer les siens.

Et sur ce point Le Nouveau Royaume nous en met plein la vue. Le monde dystopique créé à l’écran est aussi beau que fascinant. La nature a repris ses droits sur des paysages urbains qu’on ne fait plus que deviner, et cela donne des décors grandioses. Mais le plus saisissant reste la manière dont est rendu l’anthropomorphisme des singes. C’est hallucinant. La technique de motion-capture a encore progressé et offre un niveau de réalisme troublant. c’est particulièrement marqué au niveau des expressions et des regards qui ont désormais tout d’humain. Impressionnant, comme les scènes d’action, aussi folles qu’ébouriffantes, notamment dans une scène finale d’une complexité technique incroyable et d’une fluidité bluffante.

Certes, Le Nouveau Royaume souffre de longueurs et l’histoire est moins aboutie, porte moins en elle l’ADN méta des premiers films. L’action et l’efficacité priment clairement sur le message. Mais s’il reste basique, il n’en est pas moins intéressant et le récit prenant. Le final ouvre par ailleurs des perspectives plus riches pour la suite qui devrait nous offrir quelques réponses et surtout une potentielle confrontation entre humains et primates, permettant d’approfondir la connexion entre Mae et Noa.

Malgré ses quelques limites, cela faisait longtemps qu’on avait pas vu un blockbuster aussi abouti sur le plan technique et narratif que Le Nouveau Royaume. Et c’est rassurant.

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le 9 mai 2024

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