S’il y a bien une chose à laquelle on ne s’attendait pas, c’était la puissance émotionnelle et la qualité indéniable de La Planète des singes : les origines, sorti en 2011. Un récit intelligent, des effets spéciaux déments, et surtout cette relation émouvante entre le héros joué par James Franco, et ce singe, César, élevé parmi les hommes. Une excellente surprise, qui fait mouche à chaque fois.

La suite se passe dix ans après ces événements, dans un monde où le virus déployé dans le premier opus a réduit à néant la quasi-totalité des humains. Les singes se sont alors fait une petite vie tranquille, loin de tout, dont César est devenu le leader incontesté. Jusqu’au jour où un groupe d’hommes et de femmes, mené par Malcolm (joué par Jason Clarke, vu dans White House Down, ou bientôt dans Terminator : Genisys), débarquent sur leur territoire pour redémarrer une centrale électrique, qui permettrait aux survivants de la ville de vivre plus aisément.

Le réalisateur de Cloverfield, Matt Reeves, essaye ici de reprendre l’âme du premier film, en insufflant un côté plus sensationnel, et en prenant conscience que le côté intimiste est la clef du succès. C’est une réussite en demi-teinte : il est difficile de casser du sucre sur La Planète des singes : l’affrontement, mais il est encore plus dur de l’encenser comme le précédent.

Visuellement, on est devant un spectacle grandiose. Si les singes sont d’un réalisme à couper le souffle (Andy Serkis livre encore une fois une prestation hors norme dans le rôle de César), c’est surtout ces décors magnifiques qui ébloui. Des décors qui nous rappelle tout de suite The Last of Us, jeu de survie horrifique sur Playstation. De la forêt dans laquelle chassent les singes, à la ville détraqué des humains, en passant par le magnifique nid douillet que se sont construits les primates, tous les espaces sont splendides. Et malgré la désolation qui surplombe le monde, on rêverait d’y être, tout simplement.

La maîtrise des scènes d’action force elle aussi le respect. Le savoir-faire du bonhomme nous permet d’avoir des plans de chaos ahurissants, tout en restant limpide et épique (un singe avec deux mitraillettes qui sort des flammes, un plan bluffant vu d’un tank…). Certaines séquences avec Koba, un singe en désaccord avec les choix de César, font partie du meilleur de La Planète des singes : l’affrontement. C’est ce personnage à lui tout seul qui fait avancer le récit, lui qui cherche à prouver coûte que coûte que les hommes sont dangereux et indigne de confiance. C’est le côté obscur de César en quelque sorte. Et il est vrai que, sans lui, le film traînerait en longueur, même si, hélas, c’est déjà un peu le cas.

Car l’histoire est malheureusement trop étirée en longueur. Ils essayent tant bien que mal à nous émouvoir, à nous attacher aux personnages, presque de force, au risque de se confronter à quelques clichés : l’humain con qui va tout faire foirer, le background faussement macabre de la donzelle du héros, l’inutilité consternante du fils du héros (ah si, il sait dessiner, pardon…), bref, des exemples comme ça, il y en a à la pelle.

N’abordons pas le sujet de la psychologie simpliste et platonique de quasiment tous les personnages, se montrant ou très gentils, ou très méchants. Seul César est intéressant, tiraillé par son envie de laisser une seconde chance aux hommes ou pas, et son fils, tiraillé par le choix qu’il doit faire entre donner allégeance à son père et ses décisions pas toujours justifiées, ou à Koba et son "discours" radical. Les autres, aucunement travaillés.

Mais la chose qui ne fonctionne pas du tout ici, mais alors vraiment pas, c’est la relation entre Malcom et César. Aucune scène n’est émouvante au point de nous prendre aux tripes. Rien ne ressort de leurs échanges maladroits, si ce n’est, au bout d’un moment, un léger ennui. On essaye de nous vendre une intimité telle qu’elle était entre Will (James Franco) et César, mais on se retrouve à ne plus en vouloir, manque de crédibilité, et d’attendre doucement l’affrontement tant espéré.

Par contre, il est évident que, si on compare le film au précédent, c’est presque un échec, mais si on le compare à beaucoup de blockbuster de ces derniers temps, La Planète des singes : l’affrontement se hisse facilement parmi les grands.

POUR LES FLEMMARDS : Une alchimie qui fonctionne mal, un scénario creux et balisé : ce que perd le film en émotion, il le gagne en spectaculaire. Semi-réussite.
Djack-le-Flemmard
6

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Créée

le 11 août 2014

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