A plusieurs égards, "La Passion de Dodin Bouffant" m'a fait penser à "Pacifiction", sorti l'année précédente. Même acteur principal. Une durée étirée (oserai-je dire déraisonnable ?) et un rythme lentissime. Une intrigue très limitée. Et un vrai sens de la mise en scène.
"La Passion de Dodin Bouffant", c'est donc du cinéma sensoriel, où ce n'est clairement pas le récit qui ressort. Sérieusement, je pense que le gros du scénario est décrit dans le résumé du film. Non, ici c'est la forme et l'ambiance qui priment. L'ensemble va donc diviser. Pour ma part, je dois dire que le film est parvenu à m'hypnotiser !
La photographie est lumineuse et chaleureuse. Les plans évoquent régulièrement la peinture du début du 20ème siècle (époque à laquelle se déroule le film). Le montage sonore est aux petits oignons, insistant sur les cuissons et les textures. La mise en scène découpe parfaitement la préparation et la dégustation des plats, allant du plan séquence, au montage avec les plans serrés qui vont bien.
C'est bien simple, je n'avais qu'une seule envie : m'asseoir à côté des personnages, et déguster avec eux ! Et pourtant j'avais bien mangé avant de voir le film... C'est la première fois qu'un long-métrage me met autant l'eau à la bouche. Carré de veau, vol-au-vent, turbot, pot-au-feu, omelette norvégienne, vous en aurez plein les mirettes et les papilles ! J'imagine les conditions de tournage (odeurs, saveurs, cuissons) qui ont du faire saliver l'équipe de tournage.
Je ne m'étonne pas que la France a sélectionné cette œuvre pour concourir à l'oscar 2024 du meilleur film en langue étrangère. Certes, c'est un peu nombriliste, voire pompeux dans certains dialogues. Certes, cela ne vaut pas "Anatomie d'une Chute" (dans un tout autre registre). Mais "La Passion de Dodin Bouffant" vend dans le fond comme la forme la gastronomie française et l'art de vivre associé : des plats de qualité, cuisiné avec amour et savoir faire des passionnés.