Voilà six ans que j’attendais un nouveau Tran Anh Hung, jusqu’ici j’ai aimé tous ses films. Ce nouvel opus sort auréolé de son prix de la mise en scène à Cannes et de sa candidature à l’Oscar du meilleur film international pour représenter la France. Même si d'aucuns pointent un scénario trop faible, pour moi tout est réussi ici. La mise en scène est d’une élégance folle, prix cannois entièrement mérité donc. Techniquement, mais comme toujours chez le réalisateur, rien n’a été laissé au hasard. Les décors, les costumes, la lumière, le son, le montage, tout est sublime. Par contre pas de musique, juste à la fin de la dernière scène, dialogue entre les deux personnages sur la table de la cuisine, forcément au sommet de l’émotion. Il va sans dire que l’interprétation est au diapason. Juliette Binoche et Benoît Magimel se retrouvent seulement pour la deuxième fois à l’écran, après Les enfants du siècle de Diane Kurys en 1999 (qui avait déboucher sur leur propre histoire d’amour à la ville). Ils sont donc, bien sûr, comme toujours, impeccables. Mais leurs personnages restent finalement secondaires, tout comme leur histoire et leur romance, car le protagoniste principal est la cuisine, la gastronomie française. La scène d’ouverture, préparation d’un repas digne des plus grandes tables, nous met d’emblée l’eau à la bouche et nous donne faim. On pensera forcément, dans un style toutefois différent au formidable Le festin de Babette. Bref, voilà une fois de plus un grand film français cette année et un grand film de la part du réalisateur. Une belle et forte émotion d’une pudeur et d’une délicatesse inégalé, pour un plaisir subtil des papilles, des yeux, et surtout du cœur. Une merveille.