Synopsis



Dans une ferme du début du 20ème siècle, Monsieur Borgen, accompagné de ses trois fils et de sa belle-fille Inger, qui d’ailleurs à déjà eu deux enfants avec l’un d’eux et est en chantier pour le troisième, coule des jours heureux et rêve de pérennité pour sa ferme. D’un naturel nerveux et travailleur, il est le pilier de la famille. Celui qui prend les décisions. Celui qui autorise les congés relatifs aux travaux de la terre. Le patriarche en somme, n’en déplaise à certains de ses fils. Satisfait de justement enfin voir l'un de ces garçons, Johannes, se convertir au métier de prêtre, il va alors vite déchanter lorsqu'il se rendra compte que celui-ci n’est pas aussi réceptif à la foi qu’il ne pouvait l'espérer et qu’il ne voyait pas forcément sa trajectoire de vie dans la même que celle de son paternel. S’en suit alors une succession de problèmes plus intenses et mystiques les uns que les autres et une mission. Faire prospérer les choses. Autant du côté religieux que familial.

La Religion



Ce qui rend ce film si particulier, c’est la manière avec laquelle la religion est incorporée au récit. Que ça soit par les sermons psalmodiés ingénieusement tout le long du métrage ou par la forte symbolique qui s’en dégage au travers de la beauté de ses plans, la foi est une des thématiques les plus intrinsèques de ce métrage. En effet, quand on voit le père, on ressent l’impact qu’a pu avoir la religion sur sa vie et celle qu’il aimerait inculquer à sa progéniture. Cependant, même si l’on a été sermonné toute sa vie, il y a un moment, l’âge adulte notamment, où l’on commence à faire ses propres choix, fixer ses propres objectifs. De plus, à mesure que le temps s’écoule, les mœurs évoluent et l’hérédité religieuse ainsi que l'influence offerte par nos parents ont tendance à se dissiper, voire s'amenuisent, même si on vit à huis-clos avec ceux-ci. Et justement, c’est le cas pour les fils de Morten.

La Relougion



Mikkel, le plus vieux d’entre eux, en a marre de la religion, de sa rigueur et de sa hiérarchisation. Il estime être un homme assez âgé pour prendre ses propres décisions, se reconnait clairement en tant qu’athée et peine à suivre les invectives de son vieux père. Il aime sa femme, aime ses gosses et attend juste avec impatience l’arrivée du troisième.


Johannes quant à lui, est destiné à devenir prêtre même si on voit bien que cela à l'air de le déranger plus qu'autre chose. Dans ce bas-monde, la seule chose qui le motive vers les voies du seigneur, c’est son père. La seule vrai foi dont il dispose, provient de l’amour qu’il porte envers Kristina. La foi la plus forte présente sur cette terre. Celle du cœur. Mais pas seulement. Vous seriez surpris par ce personnage ! *tin tin tin (musique de suspens)


Finalement, pour Anders, on voit que celui-ci est en réalité plus impliqué par les directives de son père que par celles dictées par l’église. Tout aussi éperdument amoureux, celui-ci souhaite braver les interdits et épouser la fille du tailleur, Anne. Union vouée à l’échec puisque les parents des deux camps s’y opposent farouchement.


Ces conflits et ces tragédies, aussi intenses soient-ils, participent énormément à l’ambiance du métrage et à cette sorte d’atmosphère mêlant foi et abandon de celle-ci. Tellement qu’il serait difficile pour moi de critiquer ce film sans en divulguer tous les tenants et les aboutissants. Et, ne voulant pas gâcher la découverte de ce film à mes fidèles éclaireurs et aux différents membres de SensCritique qui la liront, je préfère vous laisser le luxe d’aller visionner cette magnifique œuvre par vous-mêmes !



Conclusion



En somme, voilà ce qui rend ce film si bon et voilà pourquoi j'ai voulu en faire la promotion. Il image vraiment bien la dualité entre ce qui est dicté par nos parents et ce que l’on souhaite vraiment faire de sa vie. Porté en plus par d'excellents dialogues et un Henrik Malberg des plus crédibles, le message ne peut que faire mouche. Il montre également, de façon très belle et même parfois fantastique, comment la vie est faite de hauts et de bas, de miracles et de fatalités et de toutes sortes d’épreuves à surmonter. C’est justement cette espèce d’alchimie omniprésente entre ce qui devrait être fait et ce qui l’est qui donne toute cette dimension au métrage. Une dimension qui, dans beaucoup de pays et encore aujourd’hui, résonne et perdure dans de nombreux foyers autour du globe.



La fleur est le miracle qui advient sur la lande sèche. Le miracle que personne ne peut expliquer. Que personne ne peut comprendre


Om3arbi

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10
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