• Je m'appelle Ben. Et vous ?

  • Barbara.

  • Barbara. Écoutez, Barbara. Vous ne devez pas me laisser tomber. Je sais que vous pouvez vous battre. Il faut le faire maintenant. Se battre, avec votre esprit et vos sentiments. Ainsi vous demeurerez forte, et vous pourrez penser clairement.

  • Qu'est ce qui se passe ?

  • Je ne sais pas. Personne ne sait.



N'ayant toujours pas vu la fameuse oeuvre culte de Georges A. Romero " La nuit des morts-vivants (1968) ", j'ai acheté le film en édition collector avec un livret de 24 pages histoire de rattraper correctement mon retard. Sauf qu'au moment de mettre le film dans mon lecteur blu ray je m'aperçois que je me suis trompé de film, et que j'ai pris son remake de 1990 réalisé par Tom Savini. Dans un premier temps dépité, je finis par lire dans le livret que le remake est écrit par Georges A.Romero lui-même qui voulait offrir une autre vision de son film (plus en adéquation avec ce qu'il voulait faire à la base même si le scénario reste très proche de l'original), ayant demandé à son ami le maître du maquillage gore Savini d'être le réalisateur du projet. Finalement je n'ai pas perdu au change en regardant le remake, plus proche de la volonté de Romero, qui a modifié son scénario original pour rendre l'histoire plus percutante et spectaculaire, en modifiant également le comportement de certains personnages comme celui de Ben, et surtout de Barbara.


La nuit des morts-vivants 1990 est un film d'horreur moyennement effrayant généreux en péripéties auquel il faut impérativement resituer son époque de conception pour en percevoir tout le génie. Pour quelqu'un ayant comme moi découvert ce long métrage aujourd'hui, ce film de zombies paraît vu et terriblement cliché cousu de gros fil rouge n'apportant clairement rien de neuf à l'intrigue. Pourtant il ne faut pas oublier qu'il est le précurseur d'un genre maintes fois inspiré et imité, et que c'est lui qui est l'origine de ce qui viendra plus tard. C'est pourquoi, je n'oublie pas qu'à l'époque, c'était lui qui faisait preuve d'originalité et d'authenticité (du moins sa version originale dont ce remake est un prolongement voulu par son réalisateur Georges A. Romero).


L'intrigue présente une bande de personnes devant se barricader dans une ferme à cause d'une horde de zombies qui par un phénomène inexpliqué surgissent pour faire la chasse au mortel. Ils clouent et fixent désespérément et continuellement des planches, des portes, des étagères, des tables et autres meubles aux nombreuses fenêtres; passant plus de temps à s'engueuler pour savoir s'il faut descendre dans la cave pour s'enfermer, ou bien se calfeutrer dans la maison en bouchant toutes les issues, ou encore simplement en sortant affronter les zombies. Bien qu'un peu lent, le récit reste solide, parvenant à exploiter l'esprit tordu des humains lorsqu'ils sont en situation de danger extrême face à une peur inqualifiable. L'action est prenante, les effets visuels et autres maquillages sont excellents, la direction est réussie et il y a une belle atmosphère effrayante soutenue par une partition musicale étrange et très efficace composée par Paul McCollough.


Les personnages représentent ce qui sera plus tard le rassemblement conventionnel du genre de personnes devant survivre dans un espace confiné face à des morts-vivants, avec tout de même une avancée bienvenue avec l'héroïne forte et intelligente Barbara incarnée par Patricia Tallman ( Evil dead 3, Dead Air...), qui de femme faible et terrifiée, se transforme en véritable guerrière, faisant preuve d'un raisonnement bien plus logique que ses camarades. Barbara partage l'affiche avec le héros Ben, incarné par l'excellent Tony Todd ( Candyman, The Crow...), qui par instants agace par son intransigeance. Il livre une des meilleures séquences, en se retrouvant fatalement isolée dans la cave, rigolant de désarrois devant son échec et son entêtement, tout en fumant sa dernière clope devant l'apocalypse annoncée. On retrouve également un jeune couple effrayé incarné par William Butler et Katie Finneran, ainsi que le fameux fouteur de merde obligatoire du groupe Tom Towles, au côté de sa femme incarnée par McKee Anderson et de leur fille inconsciente, qui a été mordue par un zombie.


Comme d'habitude j'ai beaucoup de mal à accorder du crédit à la menace des zombies très lents avec zéro de neurone. Comme le précise si bien l'héroïne Barbara :
" Ils sont si lents. On pourrait passer au travers, sans avoir besoin de courir. Nous avons les revolvers. En étant prudents, nous pouvons partir. "
Tout du long tout le monde refuse sa proposition préférant s'enfermer dans une vieille demeure qui devient inévitablement une vraie souricière pour morts-vivants. Barbara aura finalement raison puisqu'elle sortira de la maison esquivant sans le moindre mal les zombies jusqu'à rencontrer une bande de paumés incultes chassant du mort-vivant, qu'elle suivra pour mieux constater et suggérer la déchéance de l'humanité.


CONCLUSION :


Tom Savini à la demande de Georges A. Romero devient réalisateur pour le remake du classique La nuit des morts-vivants (censé apporter une vision plus complète de l'oeuvre de Romero), livrant un film intéressant révélateur de quelques séquences gores dans un climat austère, à travers une histoire convenu mais solide dans son approche, où un casting soigné se livre une confrontation psychologique, avec un Tony Todd et une Patricia Tallman efficaces dans leurs performances. Peut-être que cette version d'horreur de 1990 n'est pas à la hauteur du classique de 1968, ou bien est-ce l'inverse, n'en déplaise que ce film reste une pièce horrifique convaincante, ne méritant pas d'inébranlables éloges, mais dont il faut tout de même saluer et respecter pour le cadre qu'il représente. À ne pas en douter, ce film est avant tout celui de Georges A. Romero qui a écrit le scénario, et à clairement décidé de ce qu'il y aurait dedans et des scènes qui seraient tournées.


Comme le dit si bien Tom Savini : " J'ai dû avaler pas mal de couleuvres juste pour avoir mon nom au générique. " Il faut tout de même reconnaître à Savini la transformation de Barbara censée être une victime faible, qui devient une héroïne solide et forte en hommage à Ellen Ripley dont il est fan. Une idée que validera Romero, et par la même moi aussi.

B_Jérémy
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le 6 juin 2020

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