Un film mexicain au casting bien français puisqu'on y retrouve Charles Vanel, Simone Signoret et Michel Piccoli aux côtés d'acteurs locaux et de Georges Marchal, jeune premier aujourd'hui bien oublié. Tourné en 1956, La mort en ce jardin, est le deuxième film en couleurs de Luis Buñuel, après Robinson Crusoé. Certainement pas l’œuvre la plus connue du maître aragonais, mais en tout cas l'une des plus intrigantes: à première vue, voici un récit d'aventures que l'on qualifierait d'ordinaire, voire de simpliste, si le cinéaste espagnol ne l'avait parsemé d'une multitude de détails insolites, de clins d’œil surréalistes ou de signes aussi impénétrables que la jungle où errent les cinq personnages de ce western à la sauce mexicaine. D'un plan à l'autre, on retrouve toutes les obsessions et les fulgurances poétiques du cinéaste, comme ce serpent dévoré par les fourmis qui renvoie au Chien andalou ou cette carte postale parisienne incongrue qui anticipe une scène fameuse du Fantôme de la liberté. Un film certes mineur du maître surréaliste mais qui laisse transparaître derrière son scénario feuilletonesque des interrogations morales et métaphysiques qui n'ont rien de superficiel.