Voir le film

Je viens de voir le film et je le note à chaud. Tout comme j'écris cette critique à chaud ! Considéré comme un chef d'oeuvre absolu par la majorité des amoureux du cinéma (sauf rares exceptions), j'avoue que noté ce film est une vraie gageure. Il faudrait que je le revoie peut-être une fois, deux fois, trois fois, comme je l'ai fait en son temps pour "2001, l'odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick.
Je vous l'avoue franchement je me suis ennuyé dans la première partie du film, c'est long et chiant, très verbeux. Un sommet d'ennui. Puis mon attention c'est focalisé sur autre chose pendant de longues minutes. Bizzarement c'est la mélodie monocorde de la diction particulière de Jean-Pierre Léaud, qui joue totalement faux, qui a attiré de nouveau mon attention. Juste une question d'habitude. En fait il faut se mettre dans de bonnes conditions pour ne pas làcher du tout en cours de route. C'est tellement faux, que ça en devient de la poésie et là il s'agit d'un compliment ! Car les expressions et les attitudes de l'acteur, elles sont criantes de vérité.
Rien de transcendant dans la mise en scène d'Eustache, mais un je ne sais quoi qui vous électrise devant votre écran. Au bout du compte, la simplicité des champs contre champs et plans fixes servent peu à peu le sujet et lui donne une force hors norme. Sa direction d'acteur est tout bonnement exceptionnelle, même si on a l'impression d'un je m'en-foutisme généralIsé. En fait tout semble très intelligemment pensé pour mettre en valeur des dialogues et des monologues d'une beauté exceptionnelle. Superbe écrins pour les trois acteurs principaux, surtout Françoise Lebrun (Véronika, "la putain") confondante de naturel et de talent quand elle crie son amour pour Alexandre (Léaud) et Marie (Bernadette Lafont). Sa lucidité fait mouche et vous touche au coeur. Profondément. Son monologue a lui seul vaut tous les louanges.
Puis Bernadette Lafont (Marie, "la maman"), belle, sensuelle, naturelle, a milles lieux de ce que j'imaginais d'elle dans ce film. Touchante et émouvante dans ce rôle de femme tellement amoureuse d'Alexandre qu'elle accepte d'abord ce couple à trois, puis se révèle bien plus jalouse et moins ouverte qu'elle ne le laissait suggérer.
Mais ce film c'est avant tout un film qui se déroule au travers du regard narcissique d'Alexandre (Léaud, dans la continuité de son rôle de séducteur à la Antoine Doinel) qui considère les femmes comme un moyen de refléter sa haute idée de lui-même. Avec ce personnage central, Jean Eustache ne livre pas du tout un pensum libertaire sur la sexualité libéré de l'après-mai 68, comme certains pourraient le croire. C'est tout à fait le contraire. Ce film n'est pas du tout tendre avec les hommes (que représente Alexandre) et porte à leur égard un regard très critique vis à vis de leur attitude souvent légère et irresponsable, ne pensant qu'à séduire et à "baiser" comme si c'était la seule chose "importante" comme le fait comprendre Véronika.
Au travers, des deux personnages féminins, l'amour est exalté, plus maternel et possessif pour Marie et plus, libertaire sexuellement, pour Véronika. Au final, la forme qu'il prend n'est pas si important. C'est ce qui est éprouvé pour l'autre qui est important et pas ses petites questions d'ego ridicule au final. Une question universelle. C'est peut-être pour cela que ce film est, aujourd'hui, toujours d'une telle résonnance émotionnelle. Un grand film.

Critique lue 1.1K fois

16
2

D'autres avis sur La Maman et la Putain

La Maman et la Putain
drélium
9

Longueur d'ondes

En mode Schwarzenegger, je vous dirais de suite que c'est chiant comme une 4L, long de 3h30 avec quasiment que des champs contrechamps fixes et interminables, centrés sur 2 ou 3 personnages austères...

le 19 févr. 2011

155 j'aime

25

La Maman et la Putain
guyness
7

Le faux, c'est l'au-delà

Si, au cœur de ces trois heures et demi de maelström sentimental, on rate cette phrase (celle de mon titre), lâchée par un Alexandre visionnaire, on passe peut-être à côté de l'essentiel. Il proclame...

le 11 août 2013

75 j'aime

24

La Maman et la Putain
Sergent_Pepper
8

Bavards du crépuscule

Le cinéma français vous indispose ? Le noir et blanc vous intimide ? 3h30 de film vous découragent ? La Nouvelle Vague vous irrite ? Le bavardage devrait selon vous être réservé au théâtre...

le 20 mai 2020

71 j'aime

2

Du même critique

Belle de jour
GuillaumeRoulea
8

Ombres et Lumières

En ayant vu pour la énième fois, "Belle de jour", je me demande à quel point ce film de Luis Bunuel, n'est pas à l'origine du "malentendu" qui existe entre le public et Catherine Deneuve et à quel...

le 9 juil. 2013

46 j'aime

2

Le Premier Jour du reste de ta vie
GuillaumeRoulea
8

Un film qui vous fait aimer la vie et qui vous envoie des ondes d'amour

Succés critique et populaire surprise pour ce film français sorti en plein été 2008 qui a fait plus d'un million d'entrées. Cela fait la 5ème fois que je le regarde, et je ne m'en lasse pas. Certes...

le 10 sept. 2013

32 j'aime

6

Les Choses de la vie
GuillaumeRoulea
9

Romy, Piccoli, Sautet, Sarde. Première....

Une question me taraude: pourquoi ce film sans véritable histoire (en apparence) reste et restera un "must" du cinéma français? Tentons d'y répondre. Mais avant il est intéressant de faire un...

le 21 avr. 2014

31 j'aime

2