La Maison des égarées
5.8
La Maison des égarées

Long-métrage d'animation de Shin'ya Kawatsura (2021)

Après la déception qu'a été Le Petit Nicolas : Qu'est ce qu'on attend pour être heureux ?, lauréat du cristal du long métrage 2022, on est amené à vérifier si le film était réellement le meilleur. Cela m'a poussé à fast checker la qualité de films Interdit aux chiens et aux italiens, Unicorn Wars, Charlotte, Saules Aveugles, femme endormie, ou encore Nayola (l'un des seuls films à réussir à faire aussi nul que Petit Nicolas, voire pire). C'est donc dans cette lancée que je me suis intéressé à La maison des égarée, l'un des deux seuls représentants japonais en compétition officielle avec Goodbye Don Glee qui était une petite surprise. Faute d'être vraiment tentant, à l'instar de teen movie japonais Josée, le tigre et les poissons ou encore comme Jun la voix du cœur qui était présenté en hors compétition à l'époque, j'avais l'espoir d'être surpris. Est ce que cette maison des égarées a su me surprendre ?


Faute d'avoir le budget ou même la maitrise pour durer 1h45, le film accumule les plans pauvres et franchement moches où les personnages n'ont pas la capacités de bouger, ni d'être expressif. Lorsqu'il y a plus de 3 personnages à l'écran, dès que des personnages sont amenés à être figurants, ceux-ci n'ont que trop peu de mouvements pour vaguement indiquer qu'ils respirent encore. Certaines scènes vont jusqu'à représenter les visages à des traits vagues, sans trop de cohérence ni de conviction, qui rappellent la production à la chaine des animés japonais de piètre qualités. La chose n'est pas très étonnante quand on sait que le réalisateur est avant tout un storyboarder/réalisateur qui a œuvré essentiellement sur des animés japonais qui n'ont visiblement pas la même méthode de production. Mais plus que l'animation, qui arrive à vaguement être intéressante sur son début lors des premières scènes de récits, dans une animation 2D qui fait penser à de la rotoscopie par moments, c'est bel et bien le montage et la réalisation qui est bancale et souligne un manque d'expérience manifeste. Les plans sont souvent trop long, mal coupés, parfois perturbant la lecture même d'une scène. On a notamment plusieurs scènes de discussion avec une jeune fille muette qui, à l'aide de son calepin, saura remettre en question les limites du chiant et de la lenteur, tant elle peine à écrire ce qu'elle veut dire, et tant le réalisateur n'est pas décidé à abréger ces moments gênants où l'on doit attendre que la petite fille finisse de noter sa phrase. En terme même d'ambiance et de mise en scène, le film fonctionne mal tant certaines scènes, comme une scène de dispute entre la vieille et l'adolescente s'interrompant grâce à la fille muette, sont montés n'importe comment et n'arrivent pas à procurer de sentiments. Ça n'est pas aidé par un rythme affreusement long et lent dont on aimerait enlever une demi heure, ni par la bande originale du film qu'on dirait tout droit sorti d'un jeu Animal Crossing des années 2000.


On pourrait presque se prendre d'émotion face à cette adolescente, confronté à sa solitude et sa mélancolie, dans une sorte de Souvenirs de Marnie chez les digimons. Le soucis étant que mis à part de vagues idées, comme un air plus masculin qui rappellera Anna dans Souvenirs de Marnie, elle n'est caractérisé qu'à travers le fait qu'elle est torturée, c'est une ado, et elle est caractérielle... A l'image de nombreux ados passés 14 ans. Les Yokaï, seuls éléments exotiques et fantastiques du long métrage, mettent une heure à venir faire de la figuration dans à peine 3 scènes, pour au final servir à rien tant tous le propos de fond sur l'acceptation de l'étranger et la rencontre des marginaux est évident et gras. Au bout de 30 minutes de film tu sais exactement ce qui va se passer car soit les dialogues sont sur-écrit, soit les flashback et histoires racontés par la vieilles énoncent les événements à venir à la virgule près. On a alors le temps de se faire chier face à un film aux enjeux inexistants, à l'antagonisme très bête et inintéressant, et aux protagonistes absents et creux. Les relations entre les personnages, chose qui occupe les trois quarts du film, ne marchent pas car mal introduits et, très souvent, on ne verra pas de véritables échanges ou d'écoutes. On voit très bien cela à travers le personnage de la muette dans la manière dont elle est quasi trainée en permanence. Souvent c'est la grand mère qui embarquera presque de force les enfants dans sa vie parce que "elle est gentille", et les personnages sont mis dos au mur parce qu'"ils sont seuls, il faut les aider". Très souvent le film a besoin de faire dire à ses personnages qu'ils sont heureux, et que pour rien au monde ils quitteraient la grand mère. Seulement, vu que tu ne ressens rien et que leurs relations sonnent creux, ça ne fait qu'accentuer la facticité des rapports humains. Malgré tout, le film tente de porter un propos sur les catastrophes de 2011, trouvant vaguement une cohérence et une poésie qui m'intéresse. malheureusement, tout retombe très vite tant l'histoire et son climax semblent pouvoir marcher sans ce sujet, et tant on ne ressent rien. La thématique semble porter le film à bout de bras, justifiant presque le film d'exister, alors que cela devrait être l'inverse. Ça tombe très vite dans le pathos ridicule, c'est très éprouvant, et ce film fait tâche tant d'autres ont mieux traités le sujet. Exemple: Suzume


6,75/20


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Youdidi
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le 27 juin 2023

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