Quiconque évoque Michel Leclerc se réfère immédiatement à La nom des gens, en oubliant qu'il est aussi, entre autres, l'auteur de l'hirsute Télé Gaucho. La lutte des classes est en quelque sorte son héritier, des années plus tard, en montrant que les rebelles vieillissent aussi et ont de plus en plus de mal à conformer leurs actes à leurs idéaux de jeunesse auxquels ils restent peu ou prou attachés. C'est évidemment ce décalage, et partant cette mauvaise foi incessante qui amuse dans le film, incarné par l'ébouriffant Edouard Baer, inspiré comme jamais dans ce rôle de vieux batteur punk, tourmenteur papal (sic) dans le passé, dont on devine les souffrances morales à devoir choisir entre l'école publique ou privée pour son fils. L'un des regrets, tout de même, est que le scénario néglige un peu le personnage de Leïla Bekhti au profit de celui de Baer mais avouons également que le duo d'acteurs est savoureux, s'épanouissant dans les désaccords autant que dans les convergences. Pour le reste La lutte des classes oscille entre une certaine cruauté envers les moralisateurs de tous poils, ceux qui déroulent un prêt-à-penser en toutes circonstances, et une bienveillance à l'endroit de la mixité sociale tout en prenant à revers des préjugés bien ancrés. Libre à certains de voir le film abonder en clichés, il a surtout, derrière un aspect débraillé et parfois brouillon, finalement sympathique, des accents généreux derrière la franche caricature.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2019

Créée

le 5 avr. 2019

Critique lue 2.1K fois

15 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

15

D'autres avis sur La Lutte des classes

La Lutte des classes
archibal
6

Jeunes de banlieue

Un film social évidemment convenu mais qui a le mérite de traiter certaines problématiques de façon pas trop sectaire avec souvent des épilogues ouverts teintés d'ironie. Le problème c'est qu'on...

le 27 août 2019

16 j'aime

5

La Lutte des classes
Cinephile-doux
7

Les rebelles vieillissent aussi

Quiconque évoque Michel Leclerc se réfère immédiatement à La nom des gens, en oubliant qu'il est aussi, entre autres, l'auteur de l'hirsute Télé Gaucho. La lutte des classes est en quelque sorte son...

le 5 avr. 2019

15 j'aime

La Lutte des classes
Heurt
3

La ville grise.

Une nouvelle fois Leclerc veut faire tomber les barrières entre les classes et les peuples qui constituent la France. Ses personnages vivent en appartement dans Paris, seulement ils ont un projet...

le 15 oct. 2019

14 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13