La Locataire
4.4
La Locataire

Film de Antti Jokinen (2011)

L'histoire peut faire penser à un remake de Psychose par la Hammer avec un casting alléchant: Hilary Swank, Christopher Lee, Jeffrey Dean Morgan.
Le film se révèle d'un tout autre genre jouant sur le calme trouble avant la tempête, une sorte de Sacre du printemps de Stravinsky qui aurait mal tourné et surtout mal chuté: la fin est extrêmement abrupte, trop abrupte.
Ce qui donnait l'impression d'une histoire de voyeur rabaissé et violenté par son père s'avère être une histoire trouble, à ce point trouble d'ailleurs que l'ambiance est finalement sacrifiée à la violence la plus pure et souvent même la moins crédible.
Et pour cause, La Locataire est un Psychose inversé où le petit ami de l'héroïne est tué dans les commodités, où le vieux grand-père bien réel fait office de Madame Bates et où Norman n'est pas un assassin se prenant pour celle qu'il a tué et en adopte la pensée puritaine mais un simple impuissant frustré qui cherche à s'accoupler la nuit tombée. C'est également un Psychose féministe où la menace n'est plus la mort mais le viol.
Quid d'ailleurs de la fin, je ne le redirai jamais assez, bien trop abrupte qui laisse le spectateur dans un sentiment mitigé quant à la morale: l'héroïne a triomphé du méchant en le tuant - avec sauvagerie - et le tueur, qui cherchait comme un bourdon à se reproduire et mourir, est parvenu à ses fins. Tout va pour le mieux dans le plus glauque des mondes...
Seule convaincue par cette étrange mélasse, Hilary Swank, actrice principale mais aussi productrice, se donne à fond. Jeffrey Dean Morgan essaye de donner vie à un de ses rares rôles en tête d'affiche, regrettant sans doute le temps où il fut le père et Sam et Dean Winchester dans Supernatural.Quant à Christopher Lee, on devine qu'il est venu en aide à la production à laquelle il doit son rôle-phare de Dracula et campe sans grande conviction le rôle de ce grand-père qui n'a pas une grande utilité dans la diégèse. Comprendre: il accepte de bon coeur d'être l'argument de vente, le morne homme-sandwich d'un dérapage de la Hammer.


A voir pour se faire son idée propre, pour l'originalité du trio proposé et les intéressants clin d'oeil au chef d'oeuvre d'Hitchcock. Sans plus.
Un amusement passager pour cinéphile.

Créée

le 2 avr. 2015

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Frenhofer

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