Un Docu-fiction ou la mort est bien réél et surtout bien vaine.

« La légende de Lobo » est un docu-fiction des studios Disney de 1962 qui s’intéresse à la triste vie des loups du désert américains, pourchassé par l’homme. Je dois dire, avant toute chose, que je suis passionné par l’œuvre de Walt Disney, et ce film aura mis mon admiration à rude épreuve. L'oeuvre m’a presque dégouté du studio et même quand j’essaie de replacer la production dans son contexte et son époque, il y a des horreurs que je ne peux excuser. La mort est à considérer comme le cycle de la vie dans le règne animal, c’est une chose bien cruelle, mais malheureusement nécessaire. Dans les documentaires animaliers, il arrive que les équipes de production filment des scènes de chasses et d’exécutions, où l’homme n’intervient pas et laisse faire l'oeuvre de la nature, ce qui me parait justifié lorsque le but est d’illustrer la réalité. Mais dans ce dernier film, nous pouvons constater à plusieurs reprises l’intervention des hommes, et, ne vous méprenez pas, ce ne sont pas des cowboys, mais bien des acteurs, qui tuent les bêtes afin de sauver le bon déroulement des événements narrés. Je dois dire que cette pratique m’a écœuré.

Le propos du film est la survie du loup et sa quête d’un lieu sans homme. L’histoire est replacée dans un contexte antérieur, le temps du Far West, et il ne fait nul doute que les cow-boys des plaines chassées les loups et que ce fait appartient à la réalité, mais était-il vraiment nécessaire de reproduire ces scènes, en tuant de véritables animaux lors du tournage, et surtout en le montrant au spectateur en toute impunité. Par la même occasion, la méthode tend à faire de l’homme un prédateur sauvage au même titre qu’un lion ou qu’un tigre, à l'exception qu'il ne se bat pas avec ces griffes, mais avec la poudre à canon, et qu'il ne tue pas pour se nourrir, mais pour le plaisir (chose qu'omet de dire le narrateur lorsqu'il tente de justifier les agissements de nos semblables).Ces évènements n’auraient-ils pas pu être suggérés plutôt qu’exposé de cette manière ? Voilà ce qui me consterne : au début de l’histoire, un couguar s’approche dangereusement de la tanière des loups, et la providence voudrait qu’il mange la portée de louveteaux. Mais, ô grande joie, des cowboys passent par-là, et dans leur volonté assoiffée de sang, tuent le couguar. On aperçoit alors l’animal se faire fusiller, puis dégringoler la falaise inerte. Comme si l’horreur de cette scène ne se suffisait pas à elle-même, les cow-boys passent à coter de la dépouille de l’animal et s’éloignent sans même récupérer la bête avec l’intention d'exploiter sa peau, ou je ne sais quoi d'autre. En conclusion une mort bien vaine. La scène nous démontre que la bête se fait tuer pour le plaisir, ou en tout cas, pour le bon déroulement de l’intrigue du film. Une aberration. L’œuvre réitère des exploits comme celui-ci: a près le couguar, c’est au tour de la louve de se faire acculer et fusiller, on appréciera la scène jusque dans les moindres détails (et c’est à vomir). C’est ensuite au tour du papa loup de poser la patte sur un piège et se faire capturer… bref, le film nous montre les horreurs endurer par les loups, et malheureusement il nous sera bien difficile d’en retenir autre chose.

Si vous avez été traumatisé par la mort de la maman de Bambi, je ne vous recommande pas ce film, celui-ci ne suggère rien, mais expose la mort d'une manière franche, mais surtout avec une absence totale de raisons. Si le chasseur tuait la biche dans "Bambi", c'était sans aucun doute pour la manger. Les cow-boys, eux, tuent pour tuer, sans état d'âme.

En ce qui me concerne, je n’ai pas pu apprécier les autres aspects de l'oeuvre, tellement j’ai été consterné par ces séquences inhumaines. Je peux tout de même énumérer quelques qualités, même si je n'ai su en profiter à cause de mon indignation: la nature sauvage est une invitation au voyage, les images du documentaire sont très réussies et très bien filmés, la dimension fictive illustrée par la narration de l’aventure de Lobo est convaincante.
La musique, en revanche, est agaçante, elle est ponctuée de chanson monotone et entêtante. On s'en serait bien passé.

Je suis affligé par ce film, et j’aurais préféré ne pas le regarder.