À l’époque du film la carrière de Jackie Chan est en plein envol. Depuis quelques années il est devenu la star du cinéma d’action hong-kongais. Il est devenu incontournable, si bien que ses désirs sont des ordres. On lui offre donc sa chance en lui accordant une liberté rare : avec ce film il n’est rien de moins que scénariste, co-réalisateur, réalisateur des combats et, bien sûr, acteur principal. Une belle carte de visite pour un jeune homme de 25 ans, avec toute l’ambition et les maladresses qu’elle peut contenir.


Shing Lung vit dans un village avec son grand-père, qui lui apprend le kung-fu mais lui interdit de l'utiliser. Malgré cela, il accepte de s’en servir en tant que professeur d’une école et défaisant les concurrents qui viendraient se frotter à lui. Ce mensonge ne dure qu’un temps, quand un maître d’arts martiaux retrouve son grand-père et l’assassine. Shing Lung va alors désirer se venger.


Que serait un film d’arts martiaux de cette époque sans sa vengeance ? C’est tellement habituel que le film ne prend guère la peine d’expliquer pourquoi le grand-père est recherché, les habitués en seront à se dire qu’il s’agit encore d’une histoire de clans rivaux. La trame globale est à écarter, pour se pencher sur les détails.


Car malgré tout le film ne manque pas d’inventivité, mais il la réserve à ses affrontements, qui exploitent la majeure partie de la pellicule. Ils se révèlent d’une grande technicité, mais aussi teintés d’humour, à l’image de ce duel de baguettes chinoises qui inspira Kung-Fu Panda ou de cet entraînement au sein du refuge, avec les éléments du décor tels que les balustrades ou les pots. Intégrer le décor au combat est en soi une belle prouesse, puisque cela permet d’éviter la monotonie des affrontements. Mais même sans cela, Jackie Chan démontre tout son savoir-faire, à l’image du kung-fu qu’il exploite pour mieux s’en défaire. En tordant cet art martial, il en démontre toutes les possibilités qui n’attendaient qu’un bousculement des codes.


Si son action est la force principale de ce film, son découpage est aussi des plus intéressants, car il se divise en deux parties, la première se voulant comique. C’est réussi quand c’est couplé aux affrontements, ça l’est moins le reste du temps, les acteurs jouant assez mal, les quelques gags qui ne seraient pas physiques tombant assez mal. La lassitude pointe assez vite, compensée heureusement par de bonnes scènes d’action, mais la mort du grand-père fait basculer le film dans un ton plus grave, presque lugubre. Le premier affrontement de Shing Lung contre l’assassin de son grand-paternel se solde par une cruelle déculottée. Et bien que la coupure soit trop schématique, de l’insouciance à la vengeance, le passage de l’un à l’autre offre un sursaut d’intérêt à un scénario trop simple.


Un ton léger, mais aussi et surtout des combats d’une richesse folle, d’une créativité de tous les instants, c’est ce que Jackie Chan propose avec ce film, une recette qu’il développera par la suite. Le film est maladroit sur de nombreux points, comme son scénario anecdotique et un humour trop appuyé. Mais il se hisse malgré tout à un niveau très haut, pour l’un des meilleurs films de jeunesse de Jackie Chan.


Son succès sera tel qu'une suite spirituelle sera tournée, le très passable Le Cri de la Hyène, alors que Jackie Chan avait quitté le tournage avant sa fin. Des scènes de La Hyène intrépide ont été ajoutées avec plus ou moins de bonheur.

SimplySmackkk
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le 12 déc. 2019

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