« Let’s go » dit à la fin Pike Bishop (William Holden) à ses 3 acolytes, juste avant le massacre le plus culte de l’histoire du cinéma.
« Let’s go » dirai-je à tous ceux qui ne l’ont pas encore vu !


Jusqu’à ce troisième visionnage de La Horde Sauvage (le 6 novembre 2016), mon unique dieu du western était Sergio Leone (religion monothéiste !). Maintenant j’en ai un deuxième : Sam Peckinpah.


Finie la notion de bien (le shérif) et de mal (les bandits) qu’il y avait dans le western classique, ici les bandits sont presque représentés comme des héros (les plans de fin où on filme 4 d’entre eux, se dirigeant vers le massacre final) et les poursuivants qui représentent la loi sont plutôt pitoyables et sans valeurs morales (ils pensent surtout au montant des primes des macchabées). Finie la suggestion de la violence (en contrechamps), ici elle nous vient en pleine gueule.


Considéré aujourd’hui comme un classique du cinéma américain, le film a pourtant été dézingué à sa sortie. On ne révolutionne pas un art, un genre mythique du cinéma sans casser des œufs !


A l’époque beaucoup de spécialistes jugeait le film dégoûtant, d’une violence inutile.
Or rappelons qu’on est au XXème siècle à l’époque, qui est quand même le siècle des 2 Guerres mondiales, des chambres à gaz et de la bombe atomique ! Le film n’est-il pas juste le reflet de l’humanité dans ce qu’elle a de plus immonde ? C’est très sympa de voir au cinéma des gens chanter sous la pluie (j’aime bien le film seulement il me fallait un exemple évocateur !) mais heureusement que des cinéastes comme Peckinpah sont arrivés !
Et puis finalement si beaucoup y retiennent l'ultra-violence, moi j'y vois surtout un message sur la complicité, la solidarité, la fidélité, l'amitié.


Personnellement je crois que je n’ai jamais vu un film aussi maîtrisé que La Horde sauvage. Bien sûr l’histoire est phénoménale (ainsi que les décors, costumes…tout ce qui nous permet de s’immerger immédiatement dans le film), mais tout est magnifié par Peckinpah. Je n’ai jamais vu une alliance montage/cadrage aussi bien foutue. Quand on y prête attention, c’est un travail d’orfèvre. Les plus beaux ralentis du cinéma, c’est lui (les quatre cavaliers tombant du pont, c’est merveilleux !). Et puis ils font un bien fou lors des scènes de massacres enchaînant à un rythme effréné les plans. Et malgré un montage ultra rapide, on ne perd jamais nos repères dans l’espace filmé. On a toujours en vue la configuration du lieu de l’action (ce qui n'est pas le cas dans les scènes d'action de beaucoup de blockbusters actuels). Je pense notamment aux 2 scènes de massacres au début (dans la ville) et à la fin (dans la cour du général Mapache).
Et puis quand il y a des gueules comme William Holden, Ernest Borgnine, Warren Oates (qui aura le premier rôle mythique dans Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia),ou Emilio Fernández (le général Mapache), le résultat à l’écran ne peut être que bénéfique !


Ce que je trouve magnifique aussi dans La Horde Sauvage sont les plans récurrents sur les enfants observant le monde de violence des adultes (voir même en y participant, c’est un enfant qui portera le coup fatal au personnage joué par William Holden). On se dit que cette violence ne risque pas de s’arrêter avec la génération suivante. Ce qui fait penser à la sublime phrase de conclusion de Croix de fer (citation de Berthold Brecht) :



Ne vous réjouissez pas de la défaite du monstre car, à travers le monde qui l’installa, puis l’arrêta, la putain qui l’a engendré est toujours en chaleur.


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le 6 nov. 2016

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