Là-haut
7.5
Là-haut

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Bob Peterson (2009)

Tout d'abord, je dois confesser que l'animation 3D n'est vraiment pas ma tasse de thé. Généralement, j'ai une préférence pour l'animation traditionnelle et le dessin en 2D. Mais là, force est de reconnaître que ce voyage exotique et aérien est un ravissement pour les yeux. Là-haut, c'est l'aventure d'une vie, la rétrospective des joies comme des peines de Carl, un vieillard aigrit mais attachant. En cela, les quinze premières minutes sont une pure merveille, du Pixar au meilleur de sa forme, mais je reste partagé sur le ton un peu trop léger que le film adopte par la suite. C'est pourquoi à mes yeux, Là Haut ne se classe pas parmi les tout meilleurs films du studio tels que Wall E, Toy Story ou bien encore Ratatouille, mais c'est tout de même du très bon Pixar. Là-haut est beau, drôle, émouvant et très original, ou tout du moins les prémices du scenario, car sur la fin ça s'essouffle un peu !

Les quinze premières minutes (un film dans le film) sont une pure merveille. C'est un résumé poignant des épisodes les plus marquants de la vie de Carl, certains heureux, d'autres plus tristes ... jusqu’à la mort récente de son épouse. Bien que travaillé par le deuil et harcelé par des promoteurs véreux, Carl ne se laisse pas abattre. Ainsi, pour garder sa maison, le vieil homme opte pour une solution inattendue et quelque peu "aérienne". Il arrache littéralement sa maison du sol, la fait décoller grâce à des ballons, avec l’espoir de réaliser le rêve partagé avec sa défunte femme. Et ce rêve, c'est de s’installer en Amérique du Sud, sur les hauteurs de gigantesques chutes.

Carl est bougon, sourd, casanier et se déplace avec dentier et déambulateur ... toutes les qualités pour incarner le personnage principal de Là-haut. Mais si Carl est irascible au premier abord, c’est parce que le temps ne lui a pas fait de cadeaux. L’amour de sa vie est partie trop tôt, avant lui. Il a consacré sa vie à rendre sa femme heureuse et quand sa fin est arrivée, il n’a jamais réussi à passer à autre chose. C'est comme s'il n'avait aimé personne d'autre à part sa femme durant sa vie. Il va donc falloir se lever tôt, si vous voulez trouver une brèche dans son armure d’insensibilité, mais certains y arrivent car en réalité, derrière sa carapace un peu poussiéreuse, se cache un cœur qui s’attendrit.

C'est là que le jeune Russel intervient. Russel est attachant, dynamique et s'intéresse à tout ce qui l'entoure. C'est un personnage drôle et touchant, qui est suffisamment profond pour qu'on s'intéresse à lui et il crée une bonne dynamique comique avec Carl. Mais la meilleure réplique de Russel n'est pas du tout comique, c'est lorsqu'il dit à Carl sur un ton triste et détaché "mais machine, ce n'est pas ma maman" en parlant de la compagne de son père. Cette révélation et la façon dont elle nous est révélée, c'est très émouvant. Ce passage redistribue les cartes et prend le spectateur par surprise, puisque jusqu'à cette minute du film, on avait un Russel dynamique, épanoui, heureux et qui paraissait gâté par la vie, mais lors de ce passage, tout ce qu'on croyait connaitre sur lui s'effondre d'un seul coup, pour laisser place à beaucoup de compassion.

Là-Haut démarre très fort en attaquant un sujet tabou, celui des affres de la vieillesse et donne un autres regard sur les "vieux". Cette histoire de vieillard irascible qui s’envole avec sa maison pour réaliser le rêve de sa défunte femme est la plus belle des métaphores sur le travail de deuil. Au début du film, Carl nous est présenté comme une personne âgé victime de l'isolement, d'une fin de vie laborieuse, poussiéreuse ... mais qui ne se laisse pas abattre et qui s'envole littéralement dans le ciel dans sa maison. Un bâtiment qui se détache du sol pour prendre le large, ça ne vous dit rien ? Moi j'ai tout de suite pensé au court métrage The Crimson Permanent Assurance de Terry Gilliam, qui sert de prologue au Sens de la Vie des Monty Python.

Là-haut respecte scrupuleusement le cahier des charges du studio Pixar. C'est du made in Pixar au plus fidèle de la forme et du fond. Nous avons un sujet original, une maison qui s'envole dans les ailes, accrochée à des ballons. Nous avons deux personnages atypiques et attachants (le vieux grincheux et le scout débrouillard), le ressort comique (les chiens qui parlent) et le méchant vraiment très méchant (la voix de Christopher Plummer). Il y a de l'humour (les chiens qui parlent, leur obsession pour les écureuils et les étourderies de Russell) et des sentiments (l’amour de Carl pour sa femme et le besoin de reconnaissance de Russell), sans oublier une bonne dose d’aventure.

Oui mais voilà, comme parfois quand la première séquence d'un film est à ce point réussie et touchante, la suite à bien du mal à répondre aux attentes suscitées. Par la suite, le ton du film s'infantilise un peu trop et le méchant n'est franchement pas à la hauteur, car bien trop caricatural. Malheureusement pour moi, je perçois toujours les mêmes défauts dans les productions Pixar, à savoir un scénario cousu main avec un méchant qui est vraiment très méchant et un happy end aussi prévisible qu’inévitable. Au final, je retiens surtout les quinze premières minutes pour l'émotion que ça m'a produit. Beaucoup d'entre nous voient en Carl l'un de nos grands parents disparus et c'est dans ces moments là que toute la magie opère dans Là-haut.

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le 15 janv. 2024

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lessthantod

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