Dans le cadre de la première partie du concours de la FEMIS, j’ai dû rédiger un dossier personnel d’enquête, sur le thème de « l’appétit »; thème qui évoquait en moi un potentiel cinématographique incroyable. Et à cette phase de pré-admissibilité, auquel s’ajouta l’épreuve d’analyse filmique, la déception fut immense lorsque j’ai appris le jeudi 5 avril à 18h que je ne faisais pas parti des élus susceptibles de passer la seconde phase de ce concours. Quoiqu’il en soit, j’ai tout de même choisi de partager avec vous mon travail effectué en quelques jours sur ce dossier (il ne s'agit donc pas d'une critique de La Grande Bouffe même si le film sera évoqué à quelques occasions dans ce dossier).


Il serait courant de dire que la difficulté de se lever n’est égale qu’aux perspectives d’une journée. Le réveil du jeudi 1er février 2018 fut aussi aisé que l’éventualité d’une grasse matinée. Et pour cause, à midi sonnerait le glas de plusieurs mois d’une interminable attente liée au dévoilement d’un sujet aussi vague qu’obsessionnel. Un temps où l’esprit se prépare, se questionne et se projette dans un sujet qui n’existe pas encore.


Il est cinq heures, un étudiant s’éveille. Perdu dans ses pensées à la fenêtre de son meublé, il beurre ses tartines et boit du lait. Son maniement du couteau témoigne de son impatience quant à la révélation du déjeuner : sec, insistant et tapageur, comme si chaque mouvement sur la surface à tartiner devenait une menace au silence. Pensait-il déjà à une scène de Phantom Thread et ses scones, bacon et saucisses? Sa concentration était ailleurs, et sûrement pas dans son assiette. A peine venait-il de finir de beurrer ses biscottes (et dieu sait qu’il aime ça) que l’envie d’une omelette lui traversa l’esprit. Sans compter sur la maladresse de son voisin, Mr. Haneke, venu la veille lui casser les œufs, il allait pouvoir éclater la coque d’un rescapé sur le rebord d’une poêle avec entrain. Oui, il est terrible le petit bruit de l’œuf cassé quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim. Résonnait alors le cri de la nourriture comme un refuge à l’impossible attente.


La matinée aura été interminable, jusqu’à ce que le sursis finisse par me cuisiner un sujet aux petits oignons. L’impatience ferait finalement partie du plaisir gustatif. D’une page internet qui se charge au dilemme des mots, ne restait qu’à faire le choix de la spontanéité. L’appétit ? Un seul mot et déjà de multiples interrogations. Une seule conviction : celle que ce dossier ne serait pas de la tarte. Je venais pourtant d’expérimenter une longue phase d’appétit. Celle d’un concours et l’espoir d’y triompher. Mais la satisfaction de voir ce sujet à interpréter se substitua aussitôt au vide et à l’affolement. Comment ne pas écrire des tartines gourmandes sans s’égarer dans un pot de confiture ?


Le constat était là : à défaut d’être Alsacien, je pédalais dans la choucroute. Pourtant, tous les indicateurs étaient au vert : de ma tête de lard à mon corps d’asperge, j’avais le physique parfait pour composer cette salade de fruits. D’où la nécessité d’y mettre la main à la pâte pour faire de ce dossier un « merveilleux » où l’appétit ne viendrait pas du chocolat, mais d’un écrit. La tête farcie de pensées pseudo-philosophiques, j’entamais donc l’exécution de cette pièce montée avec la crème verbeuse qui fait de ma plume ce qu’elle est.


Qu’est-ce que l’appétit ? Quelques gargouillis dans un ventre qui crie famine ? Une alarme corporelle résultant d’un manque d’alimentation ? Pour Jean Pierre Marielle, ce serait inévitablement une incommensurable envie de rillettes, de pain, de pâté et de saucisson, accompagnés d’un bon petit rouge. Autant de définitions que d’approximations autour de ce phénomène naturel. Affirmons-le tout de suite : l’appétit n’est qu’une tromperie ! Car le cerveau nous mène en bateau et orchestre les saveurs du palais : de facteurs psychoaffectifs en neuromédiateurs, l’appétit n’est qu’une illusion de l’esprit. Et au-delà de cet estomac tapant ses couverts contre les parois de notre système digestif, seul le fait de manger, de consommer ou de rire gras serait susceptible d’éteindre ce besoin.


Mais la satiété existe-t-elle ? Peut-on seulement combler un appétit qui semble n’avoir aucune faim ? Puisque l’appétit, comme l’attente, se vit de manière cyclique voire périodique : l’assouvir avant de le ressentir à nouveau. Et pour pousser le concept un peu plus loin : un appétit qui s’accroit au fur et à mesure de son attente. Du principe instinctif qu’est la faim au désir de ce qui plaît qu’est l’appétit, tout résiderait donc dans cette chose difficilement qualifiable : des vibrations, une sensation plus ou moins désagréable parcourant le corps, et cette impression de ne vouloir ingérer que des substances désirées. Là est d’ailleurs toute la distinction entre faim et appétit, entre la fondamentale absence de nourriture et le besoin corporel convoité.


Et pourtant sans l’appétit, rien ne va. Comme un principe animal qui s’affranchirait de toute rationalité pour s’abandonner aux actes les plus primaires. Car l’appétit, c’est une pulsion qui se déguste. Une belle tartine sur laquelle on s’amuserait à étaler le plus divin des pâtés. Ou une belle tête de veau servie avec sa vinaigrette et sa pissaladière provençale. Impossible de ne pas y succomber (sauf si adepte du véganisme, vous êtes), n’est-ce pas ? Il y aurait alors une certaine impuissance face à cet appétit, tout Homme se muant alors en un vampire assoiffé de sang ou en un cannibale ayant besoin de sa ration quotidienne de chair fraîche. Cet état presque « inhumain » où le désir de quelque chose « pervertit » le corps et l’âme de celui qui en est l’objet. C’est alors que l’on débouche généralement sur une confusion des sens, entre la vue et le goût, d’où l’importance de distinguer l’acte de manger de ce qui l’entoure. Car l’appétit est extérieur : il est dans la nourriture visuelle, sa mise en scène, sa représentation ; un plat que l’on dévorerait d’abord des yeux avant que la bouche ne s’évertue à le détruire.



Brochette d’Images et Bouchée quotidienne



L’appétit s’expérimente au quotidien au point d’être devenu commun. Il est tellement ancré en nous qu’il ne cesse de nous échapper. Une routine devenue presque insignifiante. Un courrier, un mail important, une convocation, des résultats, etc. Tout s’inscrit dans une sorte de banalisation de l’attente, alors même que certains choix demeurent placés sous le signe de la démangeaison et de l’envie. Comprendre ce phénomène impulsif revient alors à confirmer le fait que nous sommes constamment sollicités par les Images. Qu’il s’agisse d’une publicité dans la rue ou d’une pâtisserie dans une vitrine, l’appétit est nulle part et partout à la fois.


« A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi/ Et regarder les gens tant qu'il en a ». La meilleure façon d’en apprendre sur un sujet reste la contemplation de son environnement. Posez-vous quelques minutes dans une rue passante, devant une boulangerie, et vous en apprendrez plus sur la notion d’appétit que n’importe quel livre de philosophie ou de gastronomie. Capturer une scène de vie quotidienne renseigne ainsi davantage sur nos habitudes (in)conscientes, sur notre relation avec les Images et la manière dont elles nous ensorcellent. Car à défaut d’un signe, il suffira d’un coup d’œil pour faire naître cette étincelle d’appétit dans le regard de chaque être humain. La vitrine se fait alors vectrice de ce désir, une sorte d’aimant où l’on expose des « diamants » gourmands à défaut d’être sur canapé. Il est alors plaisant de constater que les comportements dits de « gourmandise » ne cessent de se répéter.


Lille, un samedi après-midi. Rue de la monnaie, et une queue devant une devanture. Je suis devant l’échoppe « Aux merveilleux de Fred », à une heure où les passants s’enrobent du respect de leur bon plaisir. Pourquoi un tel engouement pour quelques meringues enveloppées de crème fouettée ? Il suffit de se poser devant la vitrine pour comprendre l’impulsion de chaque passant. Une harmonie dans l’exposition des pâtisseries, de « l’incroyable » et sa blancheur chocolatée à « l’excentrique » et ses feuilles rosées, tout y est exposé dans une logique de gradation des saveurs par la magie des substances et des couleurs. Chaque promeneur se retrouve alors à poser son regard sur ces bouchées de plaisir. Comme un appel candide ; celui de macarons à une Marie Antoinette ou de chocolats noirs ou blancs, au lait ou pralinés, d’une Juliette Binoche à un Johnny Depp. Plus encore, cette envie de pause gourmande appelait à un choix de l’instant. Je me plaisais à regarder ces inconnus ralentir à l’approche de ces friandises. Quelques secondes d’hésitation avant de retrouver la raison ou de succomber de manière presque impulsive à « l’appétit ».


Tout cela pour aboutir à une simple et juste constatation : l’écrin attire autant que la mise en bouche. Pourquoi regarderait-on des émissions comme Top Chef ou Le meilleur Pâtissier si ce n’est pour autre chose que saliver ? Qu’est-ce qui nous pousse à choisir ce restaurant plutôt qu’un autre ? Plus que ses propositions culinaires, l’œil se porte avant tout sur des apparences, sur du concret : une carte, des mots familiers ou enchanteurs, une façade, un style, un concept voire même sur du bouche à oreille. Cette semaine de vacances en février m’a permis d’explorer « l’appétit » sous sa forme la plus gastronomique en Bretagne. Le principe : une journée, une ville, un restaurant. L’exemple le plus saillant serait probablement celui de la crêperie « Chez Auguste » à Carnac : d’une façade arborant les couleurs locales à cette ambiance « Douce France » que laissait présager la carte, l’appétit n’en devenait que plus prononcé. L’intérieur, usant du charme de l’ancien et de la nostalgie des objets du passé, était lui aussi doté du potentiel pour titiller mes papilles. Avant même d’avoir goûté le plat, j’étais en mesure d’affirmer par un simple regard que d’appétit j’étais muni.



Emincé d’influences à la criée sur son lit de promotion



D’affiches de cinéma placardées aux arrêts de bus à ces publicités que l’on bombarde sur chaque page Web, il ne faisait aucun doute qu’avant même de goûter un film, nous étions sollicités en permanence pour commander tel ou tel plat du menu.


Il devenait alors impensable de concevoir l’appétit sans ces influences extérieures. Car le visuel stimule le cerveau, tout comme les « critiques » peuvent nous pousser à la sélection. De l’attribution d’étoiles aux prix culinaires, d’avis favorables en superlatifs affichés, les critiques peuvent elles aussi influencer notre appétit. Il suffit de voir L’aile ou la Cuisse pour faire état de cette influence : tout restaurateur cherche à se procurer les faveurs du critique, et certains vont même jusqu’à tenter de dérober la maquette du prochain Guiche Duchemin, graal centralisant les endroits fin gourmet à fréquenter. De la même manière, le critique de Cinéma influence une part non négligeable de spectateurs, pouvant même créer des effets de « bouche à oreille », détournant les spectateurs de la grande distribution pour leur faire découvrir des guinguettes indépendantes et tout aussi délectables. Il incarne ainsi un élément essentiel dans notre orientation vers certaines œuvres, permettant d’éclaircir certains doutes pour les transformer en appétit.


Une démarche se poursuivant à travers la publicité, ces campagnes d’affichages elles aussi bourrées de superlatifs (« Exceptionnel », « Grandiose », etc. Toujours des mots simples et percutants qui sont souvent extrapolés pour amplifier cet appétit) où à force de « forcing », se crée une envie presque inconsciente. De la même manière que les bandes annonces dévoilées de longs mois à l’avance et les campagnes de promotions envahissant les médias, arrivent à créer un effet d’attente (le budget marketing étant souvent plus élevé que le film lui-même). Car toute industrie doit bien gagner sa croûte. Et dans ce milieu où l’offre de produits foisonne, cela passe par l’affirmation d’une identité, d’une originalité, d’un évènement, d’un « buzz » susceptible d’éveiller un désir chez son futur consommateur. L’appétit résulte ainsi plus d’une dépendance à la promotion que d’un véritable choix personnel.


Comme une vente à la criée où le spectateur se dirigerait vers celui qui hurle le plus fort. L’acte promotionnel se vivrait alors comme l’on fait le marché ou les courses quotidiennement. Pour vérifier cette théorie selon laquelle l’appétit existerait en partie à travers des stratégies marketing, je me suis rendu dans cette jungle urbaine, pleine de cris et d’assauts verbaux, que constitue le marché Dunkerquois du mercredi matin. Au milieu des étales et d’une populace en gants et bonnets, je retrouvais Martine, vendeuse de légumes, qui depuis plus de 25 ans, ajoute son grain de sel à l’appétit des passants. Pour elle, l’appétit est un besoin que l’on se crée et que l’on justifie en achetant des produits sous couvert de « bonnes affaires », de « mode » ou même encore d’avidité. Néanmoins, en tant que maraichère et productrice de légumes certifiés BIO, elle tient à insister sur le facteur « qualité » qu’elle considère déterminant dans la formation de l’appétit à consommer. Tout comme chaque spectateur tient à payer sa place avec l’espoir de ne pas assister à un navet.


Raymond, gérant du stand fromage, a quant à lui un avis plus lissé sur ces influences « appétissantes » : que l’on soit sur un marché ou dans un hypermarché, il faut suivre un parcours, traverser des rayons pour obtenir ces produits « de nécessité ». Mais la logique même de cette traversée est de nous pousser à porter le regard sur une multitude d’autres produits, ce qui a pour conséquence directe, l’achat « gourmand », c’est-à-dire des achats pour se faire plaisir quitte à avoir une note salée. Quittant le marché avec un morceau de Beaufort, 500 grammes de hachis de cheval et une cagette de pommes, je me retrouvais moi-même dans la position ordinaire du consommateur, salivant sur des produits dont la nécessité m’importait peu ; et figé sur un merveilleux dans la devanture de la boulangerie Deblock.



Pincée d’excès et abats d’une Grande Bouffe



Contempler ce merveilleux à travers le vitrage fut semblable à une fuite vers l’avant, à l’apaisement d’un fantasme où chacun peut y voir la réalisation instantanée d’un (im)possible. Cet appétit visuel réclamerait donc dans une certaine mesure l’absorption de son élément matériel. Car la parfaite conclusion à l’appétit est la consommation. Celle d’un Tout, de culture, de films ou même d’une société qui consomme avant même que naisse l’appétit.


Loin de moi l’idée d’aborder la quantité de pop corn consommée par le spectateur moyen lors d’une séance de cinéma. Et pourtant de consommation il en sera bien question dans ce dossier. Car, Vorace est le spectateur contemporain. Avec l’émergence des réseaux sociaux, des plateformes VOD ou même du téléchargement/ streaming, une nouvelle manière de consommer les Images est née. Nous vivons dans une ère où notre rapport à l’Image est constant : un afflux permanent d’Images jusqu’à créer une sorte d’addiction banalisée.


A raison du fort accroissement de l’offre de programmes télévisuels et cinématographiques, à consommer sur place ou à domicile (grâce aux services mobiles), le spectateur est désormais confronté à une large palette de possibilités pour assouvir son appétit, un déclic intérieur qui s’annule par une logique d’hyper consommation : le « tout, tout de suite ». Comme un Super Size Me où l’on gaverait le spectateur de programmes à la manière « beignet fourré » du sergent instructeur Hartman dans Full Metal Jacket, ce que validerait sans aucun doute "Weird Al" Yankovic: "Ne me dis pas que tu n'as plus faim/ Juste mange-le (mange-le), mange-le (mange-le)/ Prends un œuf et bats-le/ Prends un peu plus de poulet, prends un peu plus de tarte/ Ça n'a aucune importance que ça soit bouilli ou frit/ Juste mange-le, Juste mange-le (mange-le)."


Puisqu’il serait facile d’assimiler nos habitudes de consommation des Images à un arrêt dans une chaîne de fast-food. Certes, chaque chaîne a sa spécialité et chaque personne sa préférence, mais face à cette popularité de la restauration rapide, tous se rejoignent sur une structure similaire pour garantir le maximum d’efficacité : des produits identiques, calibrés pour être consommés en un temps record. Une mécanique bien huilée qui par effet d’accumulation, transforme chaque burger avalé en une prévisible et insipide dégustation de conserves périmées: y venir au final avec le seul objectif de se sustenter sans y prendre un plaisir de fin gourmet.


L’appétit cache ainsi quelque chose de beaucoup plus dérangeant : la dictature de la consommation. Pour en déceler l’existence, aucunement besoin de lunettes d’une autre dimension : l’invasion ne touche plus désormais le seul Los Angeles (comme avait pu le prédire John Carpenter), mais un monde où tout se globalise y compris l’appétit de l’Image. Qu’on le regarde à travers une paire de lunettes de soleil hors du commun ou via nos propres yeux, la réalité est que sous chaque désir, chaque publication ou chaque impression, s’imposent des règles de consommation, des impératifs guidant chacune de nos actions.


Car, comme me l’a gracieusement déclaré la société de distribution Wild Side, « à l’heure de l’hyper-choix et de la mondialisation, l’appétit pour la fiction audiovisuelle est justement pantagruélique, et la question essentielle revient plus que jamais à « Quoi choisir ? » dans un menu tout simplement pléthorique ». Une situation de « consommation » qui se résume notamment à voir la sortie en salles de 15 à 20 nouveaux films/semaine toute l’année, ce qui est une chance formidable de variété et de diversité, mais qui ne se concrétise pas, car la durée de vie moyenne d’un film en salles est de 2 semaines (concentration de diffusion sur quelques films) et la fenêtre exclusive de 4 mois fait que, pendant 3 mois et demi, le film devient de fait invisible de manière légale. Et le public qui souhaiterait le voir se tourne du coup vers le piratage.


Cette sollicitation permanente a tout de l’expérience culinaire, quoique s’apparentant davantage à un Happy Meal sans son jouet surprise. Il suffit d’interroger pour cela les spectateurs des multiplexes, soumis à l’attraction de la vente de confiserie et de pop corn au comptoir dédié à cet effet : tout comme le marché, il faut passer par cet espace pour accéder à la salle. Mon expérience d’écumeur des salles m’avait pourtant appris à « mépriser » ces perturbateurs au maïs soufflé. Mais impossible d’ignorer cette idylle se nouant entre la friandise et le cinéma, la mastication étant devenue la norme de consommation pour mâchouiller un peu plus du bonheur sur l’écran.


L’Influence du Cinéma nourrirait même la télévision. Car, il est devenu de plus en plus courant de s’organiser des soirées plateau télé. Comme une façon matérielle de consommer le film et se l’approprier. Le témoin que l’Image à elle seule serait insusceptible de garantir l’appétit de celui qui la regarde ? Peut-être. A chaque fois que je regarde cette publicité de Canal + où l’on cuisine les programmes, la même réflexion me tourmente : l’appétit devient quelque chose que l’on assouvit sur demande, sans effort, et en appuyant sur un simple bouton. Un appétit qui réapparaît aussitôt le programme consommé.


Une époque que l’on pourrait presque caractérisée de « Grande Bouffe » tant l’appétit tend à disparaître sous l’absence d’attente et le cumul immédiat d’œuvres. L’exemple de Netflix, malgré l’indéniable qualité insufflée à certaines créations, est significatif de cette consommation rapide. Des programmes disponibles immédiatement, dont l’existence se dévoile bien souvent quelques jours avant. L’attente n’existerait donc plus ? Le manque d’appétit serait donc un vecteur d’oubli, là où la consommation immédiate ne nous permet plus d’avoir le temps de nous remémorer des œuvres et de leur potentiel impact sur la durée. Oui, Don't you forget about me


L’appétit peut ainsi parfois mener à l’excès, comme la démocratie à la tyrannie. Un résultat inverse pour une idéologie à l’origine ambitieuse de redéfinition, de grandeur jusqu’à la perte de contrôle. La prophétie de La Grande Bouffe de Marco Ferreri s’est finalement propagée de la bourgeoisie à l’ordinaire plébéien : cette envie de surconsommation, de dégradation du corps et de l’âme, comme faucheuse d’appétit à force de « Binge Watching » et de rafales d’Images qui viendraient remplir estomacs et foies surdéveloppés, trempés dans une graisse à s’en faire péter la sous-ventrière.


Finalement, dans notre société aussi vivace que précipitée, l’appétit serait une forme de liberté, qu’il faut savoir apprécier ou apprendre à déguster. En témoigne la quantité de films consommés par un cinéphile, un « ogre » où l’appétit est permanent et se renouvelle au fil des découvertes. Car avoir le ventre plein, c’est aussi avoir les yeux mouillés devant une scène qui nous a bouleversée ou avoir ce sourire de satisfaction à la sortie du cinéma, lorsque le film continue de nous obséder. Et en ce sens, le Cinéma est le média le mieux à même pour parler d’appétit dans la mesure où il vient en mangeant.



Un cinéma qui a faim



Plus on voit de films et plus, a priori, on a envie d'en voir. Il faut aussi se rappeler que le Cinéma a lui aussi mis en scène l’appétit, quitte à le transmettre d’une manière passionnée à ses spectateurs. Pas mal de mots y font d’ailleurs référence : on parle des « cinéphages », de ceux qui « bouffent de la péloche ». Même si à l'air du numérique, tout ceci a moins de sens.


Evidemment qu’à chaque sortie d’un film sur la nourriture, il est fort probable d’apercevoir quelques spectateurs baver à la vue des préparations culinaires, légèrement appuyées par le bruit des oignons rissolés et des casseroles agitées. Des Images alléchantes pour un appétit stimulé. Tout cela rejoint d’ailleurs la réflexion développée dans la première partie du dossier. Cette représentation de l’appétit passe alors par l’expression naturaliste de la nourriture : la mise en appétit par l’étalage de denrées aussi bonnes pour la vue qu’elles semblent l’être pour le palais. Un cinéma qui a souvent poussé ce symbolisme jusqu’au fétichisme : il suffit de prendre les phases de préparation du Festin de Babette ou celles de The Lunchbox pour affirmer cet exhibitionnisme alimentaire où l’envie de manger témoigne alors d’une envie de vivre. Comme le motif d’une passion, qui de nutritive se change en amoureuse.


C’est alors que l’idée me vint de questionner des passants sur ces (s)cènes marquantes où la nourriture propage ses odeurs jusque dans l’odorat du spectateur. A la sortie d’une séance de La forme de l’eau (où l’appétit, presque sexuel, se véhicule par les tartes et les œufs), j’interrogeais ainsi les quelques curieux au sujet de leur scène inoubliable où la nourriture est mise à l’honneur. Pour Victor, jeune cinéphile et adepte de la cuisine italienne, la préparation de la bolognaise, et ses oignons coupés à la lame de rasoir, dans Les Affranchis de Martin Scorsese, vaut toutes les mises en bouches du monde. Il me rappelle d’ailleurs que chez Scorsese, qu’il filme ses parents aux fourneaux dans Italianamerican, ou qu’il s’égare dans les intestins d’un restaurant, l’appétit revêt toujours une forme de fantasme et d’attente comme le montre le passage désiré dans l’interminable couloir des Affranchis. Pour Jean, les souvenirs d’enfance semblent motiver son choix : ainsi, la « cuisine imaginaire » du Hook de Spielberg a réussi à lui faire redécouvrir la notion d’émerveillement (puisque l’appétit nourrit l’imaginaire) tout comme le banquet d’Indiana Jones et le temple maudit, à base de cervelle de babouin et d’œil potager, a réussi à lui faire relativiser la notion d’appétit. Maxime, mon troisième interviewé, a quant à lui des envies d’animation : cet appétit lui évoque immédiatement la soupe virtuose préparée par un rongeur dans Ratatouille et le spaghetti partagé de La Belle et le Clochard. Enfin, Pierre, retraité depuis quelques années, me recommande l’excellence gastronomique française, entre un Tontons flingueurs pour l’apéro et une Grande Bouffe pour le plat de résistance ; même si pour lui, rien ne vaut un plat de Spaghetti devant un Western Eastwoodien. Interventions éclectiques d’autant plus appétissantes que la plupart des personnes interrogées avaient l’intention de se rendre au restaurant, à peine le film terminé.


L’appétit cinématographique serait en effet révélé par des Images anti-subliminales. Tout se jouerait alors dans le symbolisme véhiculé par l’aspect purement physique du plat : cet appétit pour une dinde de Noël dans A Christmas Story ou encore ce non-appétit pour un poulet décrépi dans La Loi du Marché. Une manière également de plonger dans la misère et le désespoir par l’artifice et la métaphore de la nourriture, comme si elle-même était dotée de la parole : d’une certaine façon, la nourriture nous révèle. De la description/ opposition des classes à la misère derrière la consommation, l’appétit est changeant, absent ou excessif.


Prenons l’exemple fastueux des réceptions du Temps de l’innocence de Scorsese où l’on ne cesse de dresser des tables au cours de huit repas où la nourriture est une marque de « social standing ». Cette opposition des classes par le déploiement de l’appétit pourrait également trouver un écho dans La Règle du Jeu de Renoir ou le Gosford Park de Robert Altman. D’un autre côté, des films comme Le Voleur de Bicyclette ou l’œuvre générale de Charlie Chaplin viendront nous faire vivre ce manque d’appétit à travers l’Image symbolique du pain : d’un pain noir en sacs de farines, d’une semelle que l’on mange en rêves d’appétit, la faim est visible, presque irréelle, par l’absence même de nourriture ou sa rareté qui en décuple le sens.


Tout passe alors à la moulinette de la représentation. Un questionnement que le cinéma a sans cesse remis en question et qui rejoint finalement cette société où la surconsommation provoque nécessairement le dégoût et l’indigestion, à la manière du Mr. Creosote des Monty Python, où le sens de la vie se mêle à celui du vomi. Un détournement du raffinement visuel également poussé jusqu’à l’absurde chez Peter Greenaway dans Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant où la représentation de la nourriture incarne une interrogation surréaliste : de qui mange quoi (ou qui), comment et pourquoi ; jusqu’à ce que le toxique des aliments ne prenne des allures d’écœurement.


D’où l’importance du travail sur l’Image pour faire ressentir telle ou telle émotion au spectateur. Des marqueurs émotionnels qui viendront alors créer cet appétit au sein même du récit : le rythme s’accélère à coups de révélations, de twists et de Cliffhangers, nous poussant dans un Inconnu pour nous retenir à sa suite. Comme un pain surprise à moitié plein de façon à nous laisser sur notre faim.


Le Cinéma s’affirme alors comme cet aveu transparent en faveur d’une certaine tentation, à laquelle on cède plus facilement par l’intermédiaire de l’écran. Et même quand Charlot souffre de cette nourriture inaccessible, il arrive à exciter l’appétit de son public par la mécanique du rire. Car notre appétit s’enthousiasme à travers l’inattendu, la nouveauté ou encore ces émotions romancées. Une preuve de ce désir qu’a le cinéma de créer de nouvelles façons d’accrocher son spectateur, de faire que chaque œuvre soit aussi irrésistible qu’un Petit Chaperon Rouge attisant l’appétit du Loup.



Cartes expérimentales et gastronomie d’ailleurs



Dans une époque où le numérique a changé nos habitudes de consommation visuelle, il est venu le temps d’une réflexion : comment s’adapter à une audience qui est constamment soumise à un afflux de productions ? Car l’objectif de chaque nouvelle production cinématographique est bien de trouver son public. Quitte à jouer la carte de la démesure : comme si Alain Ducasse avait culbuté Ronald Macdonald après une soirée cordon bleu bien arrosée pour accoucher d’une sorte de menu triple Maxi Best Of avec « tranche de bœuf en étages » et double portion de frites.


Pour le distributeur Wild Side, « la question centrale serait donc plutôt celle d’émerger, de se singulariser dans cet océan de propositions, et revient à poser celle de la recommandation et de ses mécanismes. Celle de réussir à amener au public des films choisis et assumés, défendus au besoin. » Celle aussi d’arriver à ce que coïncident plus souvent les efforts et volontés des producteurs, des distributeurs et des médias – trinité qui devrait être "vertueuse" et alliée, mais qui dans la réalité ne se marie pas souvent. Et celle de permettre à ce que, en France, les canaux de diffusion et les contraintes réglementaires puissent évoluer afin que disparaissent, par exemple, les fossés géographiques d’accès aux films, ou les effets néfastes du système protectionniste français censé être vertueux.


Et pour aiguiser cet appétit, un outil potentiel serait celui de l’innovation (des cinémas plus confortables, développant de nouvelles techniques comme la 3D ou la 4DX). Nous sommes pourtant bien loin de l’invention du cinématographe, et pourtant, au fil du temps, les cinéastes ont sans cesse essayé de repousser les limites de la technique. Se produit un alors un écho presque alimentaire, chez ces cinéastes « moléculaires ». Par l’expérimentation, ils recherchent de nouvelles façons d’activer l’appétit du public. Car on est attiré par ce qui est neuf, ce qui a l'air frais inédit : « Notre œil cherche des images nouvelles et il faut, pour donner envie, être capable d'en produire ».


Tout cinéaste se placerait alors dans une phase de renouvellement : celle par laquelle on conçoit la notion même de cinéma et sa façon de le consommer. Je perçois ainsi le dernier cycle cinématographique de Terrence Malick (de Tree of Life à Song to Song) comme une tentative de faire basculer le Cinéma dans une captation du réel, entre poésie de l’instant et suspension dans le temps ; quelque chose de presque éphémère dans son absolue beauté. De la même manière, l’Adieu au Langage de Jean-Luc Godard (comme une grande partie de sa filmographie) se voudrait renoncer à une quelconque harmonie, quitte à frôler la provocation à la beauté traditionnelle du Cinéma : une sorte d’aveu pour nous dire que le Cinéma n’est plus capable d’animer l’appétit, du moins tant qu’il restera cloisonner à sa forme classique.


Que l’on soit d’accord ou pas avec ces cinéastes, leur démarche prouve toutefois que l’appétit ressusciterait par la nouveauté. Je pense également que l’appétit se concrétise d’une certaine manière par cette volonté de sortir du cadre : s’échapper de l’assiette pour capter l’extérieur des choses ; refuser une certaine mise en boîte alors même que le Cinéma la pratique.


Et en désamorçant cette attente presque de routine (une attente devenue attendue où les mêmes questions à l’instar de l’éternel Quand est-ce qu’ils vont s’embrasser ? recueillent toujours les mêmes réponses) pour proposer une autre forme de récit, il devient nécessaire de miser sur le facteur originalité. Comme pour mettre un coup à la prévisibilité et au rythme trop régulier pour susciter l’appétit. Pour cela, certains cinéastes n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat : cet appétit moderne pour l’inhabituel, le grotesque, ou encore le tabou à travers des œuvres dérangeantes et perturbantes. Des concepts déjà passés à la casserole de Bertrand Blier, à la manière de son Calmos (à l’encontre de la toute puissance de la Femme, il y avait la libération de l’Homme) qui constituait déjà une manière de dire que l’appétit est toujours un phénomène en réaction à quelque chose.


Il devenait alors possible de susciter l’appétit en le coupant tout simplement. Toujours basé sur un effet de surprise, comme la panique d’un Alien sortant des entrailles de John Hurt ou la nourriture en tant que substance de Grave et ses doigts à croquer. La Polémique devenait alors un autre moyen de gloutonnerie. Et tout comme chaque pays a ses spécialités culinaires, ses traditions et coutumes, la polémique n’existe qu’à travers l’époque et le pays qui la crée. Dès lors, il y aura toujours une division, un débat autour de ces œuvres, qui pousse naturellement à éveiller un intérêt chez celui qui souhaite trancher le saucisson. Corrosif et provocateur : les maîtres mots d’une Grande Bouffe, un immense pet à la bienséance et à la morale pour redonner l’envie de manger un Cinéma qui ose.


Néanmoins, dans cette envie de bousculer la tradition, faire monter la mayonnaise n’est pas toujours si aisé. Car pour aiguiser l'appétit, je dirais qu'il faut jouer subtilement avec les deux facteurs : l'originalité et la réminiscence. Puisque malgré toute tentative d’innovation, on reste sensible à ce qu'on connaît : éveiller des goûts enfouis, voire oubliés, cela réveille l'appétit (un retour aux sources et aux influences). Comme ce plat à destination du critique aigri dans Ratatouille, qui lui rappelle non seulement son enfance mais fait aussi de la nourriture un déclencheur de souvenir. L’appétit résiderait alors dans un émerveillement passé, une certaine nostalgie.



De l’art des mets au potage des humeurs



Possible ajout du texte sur la cérémonie des césars


Nous avons souvent tendance à oublier que le Cinéma est en effet une affaire d’émotions, qui plus est, inséparable de l'imagination : l’appétit que l’écran ou l’illusion arrivera à susciter des émotions impossibles à éprouver dans la réalité. Des Images qui nous envahissent, jusqu’au choc, la révélation, créateur de cet appétit. Qu’il s’agisse de garder notre regard innocent devant une pâtisserie ou ce même regard devant une bobine d’enfance, tout n’est qu’une question de regard, d’éveil ou d’éducation (autodidacte, seul ou à plusieurs). Et dans ce rêve de tous les possibles, l’appétit se réincarnerait en chacune de ces madeleines, en chacun de ces entremets cinématographiques où une détermination naîtrait. Comme ce premier choc, cette première passion, qui viendrait donner « l’appétit » pour continuer à se découvrir dans chaque œuvre nouvelle pour le regard.


D’un œuf battu à ces murmures en guise de « God Bless America », le final de Voyage au Bout de l’Enfer n’a jamais cessé de me troubler et de m’envouter : une ré-union, où tout se recommence ensemble, comme pour retenir un présent qui va passer dans la mélancolie d’une camaraderie. L’appétit se transformerait alors sous l’artifice du souvenir. Des œuvres qui éveillent un ardent désir, souvent immortalisé par une Image : de cette douce séquence d’Il était une fois en Amérique où Patsy rêvasse d’une Charlotte Russe, mes yeux salivent à mesure que Sergio Leone cultive la magie et l’innocence du plan. Une scène d’une rare intensité, délectée par un spectateur prisonnier de cette friandise.


Il m’est alors venu une idée, ce qui est plutôt rare. Pourquoi n’essaierait-on pas de recréer cet appétit passé ? Une seule solution : Faire renaître ce souvenir en le cuisinant. J’ai alors pris des cours de cuisine chez un chef pâtissier Dunkerquois. Ma seule demande fût, en plus de déguster un fabuleux merveilleux, d’assister à la préparation d’une « Charlotte Russe ». A mesure que celle-ci se réalisait, des bribes d’Images refirent surface et une mélodie familière résonna dans mon regard. Le Temps avait passé depuis mon dernier visionnage de ce chef d’œuvre, mais les souvenirs étaient restés intacts par la seule force d’une pâtisserie. Un appétit qui se nourrirait au final du mélange des saveurs et de la formation de l’œuvre finale. Comme un écrivain qui serait sur le point de terminer son roman, jusqu’à cette phase d’émerveillement, de satisfaction et d’extrême jubilation.


Car l’appétit a toujours été le symbole de l’éveil à un désir. Du corps à corps sucré d’un Mickey Rourke et d’une Kim Basinger, ne restent alors que ces gâteries sur le carrelage du septième art. Et à défaut d’olives, de cerises, de miel, de champagne et de fraises, je me contenterai d’un dernier cri de plaisir, celui d’une Sally devant son Harry, et d’un appétit à forte dose de pellicule qui ne cesse de grandir.


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le 7 avr. 2018

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blacktide

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