La genèse:


Après les désagréments vécu durant les tournages de 唐山大兄 (Táng Shān Dà Xiōng/The Big Boss) et 精武門 (Jīng Wǔ Mén/Fist of Fury), 李振藩 (a.k.a Li Zhenfan a.k.a Bruce Lee) décida de créer sa propre boite de production (Concord Production, Inc.) afin d'avoir plus de contrôle sur la conception de ses films.


Initialement, Li devait tourner un troisième film sous la direction de 羅維 (Lo Wei) suite au succès des deux précédents, mais le dit Li préféra être l'artisan de sa propre renommée.


C'est ainsi qu'il se mit en tête d'écrire, produire, jouer et réaliser son 3ème film (en tant qu'adulte) avec ce 猛龍過江 (Měng Lóng Guò Jiāng).
Il est à noter que le titre de travail était alors 進入龍 (Jìnrù lóng, soit Enter the Dragon) mais lorsqu'il eut vent que la Warner Bros se montrait intéressée par l'idée de collaborer avec lui (et de profiter par la même de sa soudaine notoriété), Li préféra alors conserver le titre Enter the Dragon (qu'on pourrait traduire par "Arrive le Dragon") pour le projet US, conférant ainsi à ce futur film hollywoodien un côté percutant illustrant son entrée fracassante sur le marché US...


En attendant, son aura d'alors le présentait comme un artiste martial sérieux comme une tombe mais en fait, Li aspirait à devenir un comédien complet. Et pour cela, il souhaita ainsi explorer la facette de la comédie pour parfaire son jeu.


Li s'entoure donc de ses collaborateurs habituels comme



  • la belle 苗可秀 (Miáo kěxiù/Nora Miao) qu'on ne présente plus,


  • son ami d'enfance 陳玄宗 (Chén xuánzōng/Unicorn Chan (son nom de scène)) qui joue l'arrogant puis humble leader des cousins,


  • 黃宗迅 (Huáng zōngxùn), habitué des rôles de fourbes personnages (déjà le cuisinier-traitre dans le précédent film avec Li Zhenfan, 精武門,


  • l'inénarrable 魏平澳 (Wèi píng ào), ici en sous-chef efféminé et couard,


  • et bien sûr l'indispensable 金帝 (Jīn dì), éternel bon ami rieur et peureux.



Bien entendu, nous avons aussi droit à la seconde apparition (marquante, cette fois, après une première apparition dans The Wrecking Crew en 1968) de Carlos Ray Norris a.k.a Chuck, pour les intimes.
Ainsi, grâce au succès international de cette première réalisation de son ami, il confirma sa notoriété après avoir été un champion reconnu de karaté.


Le film:


Soyons objectif, cette première tentative de Li scénariste/réalisateur n'a rien du chef-d’œuvre: l'écriture est maladroite et simpliste tandis que la réalisation n'est pas vraiment inspirée (il faudra attendre l'inachevé 死亡的游戏 (Sǐwáng de yóuxì/The Game of Death) pour enfin apercevoir une tendance plus artistique chez notre Petit Dragon préféré.


Cela n'empêche en rien de livrer un produit fort fréquentable, tout du moins dans sa version d'origine (la version René Château Vidéo charcutant au hasard le métrage en dépit de toute cohérence scénaristique).


Li s'adonne à la comédie (asiatique, donc parfois un peu "autre", différences culturelles obliges) et à une certaine auto-satisfaction (ses "entrainements" en plein cadre).


Le tout sent donc une certaine naïveté mais aussi une once de maladresse même si, les séquences de combat s'avèrent fort bien chorégraphiées.


Sans vouloir faire un comparatif exhaustif (comme à mon habitude, pourtant) des versions René Château et celle d'origine, il est quand même à noter que la fin de la VF est tout bonnement incompréhensibles puisque TOUS les personnages secondaires (les cousins, l'Oncle Wang, le traitre Ho et le Boss mafieux) disparaissent sans aucune explication à 1h10 du métrage (sur les 1h25m22s).


De fait, on saute de la fin du combat dans le Colisée (et quel combat !) au cimetière, sans passer par la case "les autres".
Exit donc toute l'intrigue secondaire


sur l'immonde et avide Oncle Wang qui assassine ses propres neveux pour enfin récolter le fruit de la vente de son restaurant et le sort de Ho (il meurt) et de son Boss (il se fait arrêter)


.


Bref, approximativement 15 minutes de métrages furent découpées à l'aide d'une scie rouillée pour d'obscures raisons, seulement connu de René Chateau (pourtant aussi le distributeur vidéo de Texas Chainsaw Massacre, Maniac et autre Dawn of the Dead, tous dans leurs versions intégrales...)


Alors nul doute que ma préférence va à la version intégrale (en VOST bien sûr, malgré le fait que Li a toujours été doublé dans tous ses films, exception fait de Enter the Dragon et l'un des deux montages du projet originel figurant les scènes tournées uniquement en 1972 par Li himself).


Cela dit, c'est après avoir revu la VF DVD René Chateau que cette critique vit le jour.
Je replongeais ainsi dans le film tel que je l'avais connu dans mon enfance et m'amusait à combler ce remontage foireux à l'aide de mes souvenirs...


En résumé, 猛龍過江 est un agréable divertissement avec de très chouettes combats où le physique impressionnant de Li irradie l'écran.
Ce physique tant travaillé le trahira pourtant un an plus tard, ce fatidique 20 juillet 1973.
Cela fait donc de ce film le dernier à sortir du vivant de l'acteur et donc, Li Zhenfan ne put jamais savourer le triomphe de son premier film américain en tant que star à part entière...


"動作四:龍尋路!" (Dòngzuò sì: Lóng xún lù !)


Opening Title by Joseph Koo:


https://www.youtube.com/watch?v=9xHYlOIFl2g

Créée

le 22 avr. 2020

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The Lizard King

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