La Fureur de Vivre est un coup de poignard dans le cœur, un film profondément triste, un film qui semble être si simple dans son récit mais qui dit tant au fond.
Oui, bien sûr, il s'agit avant tout de l'histoire d'adolescents perturbés psychologiquement cherchant à combler le vide sentimental, la solitude qui leur pèse alors même qu'il n'ont que jeune âge.
Pourtant, là où il n'y aurait pas de raison à être violent pour les personnages comme l'indiquerait le titre original "Rebel without a cause", la violence s'introduirait au sein d'une profonde culture et autres conventions américaines : en ce sens, Nicholas Ray **attaque le mariage américain et ses bonnes normes, entre la supériorité maritale jusqu'à l'absence du père, le jeune adolescent est perdu et vaque à ses occupations.


Ainsi, la violence se traduit d'abord par le mariage, qui réduirait le rôle du père au bon samaritain exécutant de la femme domestique, puis au décès du père du jeune garçon s'identifiant à Jim.
L'inexplicable et l'explicable, le tragique et l'insoupçonné : alors que Jim puisse encore sauver son père, Plato l'a perdu définitivement.
Une violence affrontée par les jeunes personnages.


La voiture et l'arme à feu, l'engin rapide qui pourrait sauver les problèmes familiaux et partir en voyage pour les oublier, et l'arme pour affronter ce qu'il n'y a plus à affronter, si ce n'est la perte de repère totale : Plato représente la jeunesse américaine perdue entre la voiture et l'arme, dans la décharge de violence de la société américaine de l'époque.
Une violence reproduite.


Il est intéressant de noter le changement radical de comportement de Jim lorsque l'accident de voiture apparaît, ainsi il aurait fait ses preuves et serait devenu un homme.
De là naîtrait, encore par la violence, la structure mimétique du domaine familial où Judy porterait la culotte, pire, pourrait se moquer de Plato, et Jim en bon père qui n'aurait plus que pour lui, son sens de l'honneur qui lui est si cher.


Les parents de Jim peuvent se rassurer et sourire, oui, Jim est devenu normal, conforme à ce que l'on voulait de lui, il serait devenu adulte, s'il ne fut pas encore totalement transformé.


Rebelle pour échapper à la solitude et à la tristesse, rester soi-même
Puis devenir conforme, à l'image du père de Jim, puis de Jim,
Vive l'Amérique.

Créée

le 13 juil. 2020

Critique lue 236 fois

7 j'aime

William Carlier

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7

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